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pas, redescendre les hauteurs escarpées qu’il avait gravies, autant avec ses poignets qu’avec ses jambes, il se disait que la nuit le surprendrait bientôt perdu dans quelque ravine, car le crépuscule est de courte transition dans les pays tropicaux. En outre, sa blessure à la jambe le faisait cruellement souffrir et, manquant d’eau et de charpie, il convenait, au moins, de ne pas l’irriter par une marche pénible.

Enfin, il avait encore cinq cartouches à tirer, c’est-à-dire de quoi résister à l’agression même de deux ou trois hommes.

Conséquemment, après une courte hésitation, il reprit sa marche en avant, se dirigeant vers les roches d’où s’étaient élancés les chiens.

C’était une sorte d’abri naturel, formé par la rencontre de plusieurs blocs basaltiques sur lesquels couraient lianes et plantes grimpantes. L’entrée en était large d’environ cinq pieds et haute de trois.

Arrivé à cette entrée, Détras s’arrêta un moment, le temps pour ses yeux de s’habituer à une demi-obscurité, car l’anfractuosité paraissait assez profonde ; elle semblait même s’enfoncer dans le flanc de la montagne.

Un nouvel aboiement, mais beaucoup plus faible, celui d’un tout jeune chien, se fit entendre sous les roches.

— Encore ! s’exclama Détras stupéfait. Ah çà ! tous les chiens de la Nouvelle-Calédonie se sont-ils donc donné rendez-vous ici ?

Deux petits chiens jaunes et aux oreilles droites, la progéniture évidemment de ceux qu’il avait tués, s’avançaient vers lui, grondants et hostiles, mais peu redoutables. Détras n’avait pas le temps d’être sentimentaliste : malgré le jeune âge de ses nouveaux agresseurs, il saisit l’un d’eux et l’étrangla ; l’autre s’enfuit dans la profondeur de la grotte et, à la grande surprise de l’évadé, disparut comme vers une issue ignorée.