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le dos une foule de méfaits, ainsi qu’à Pini, alors au bagne guyanais, et son extradition n’eût pas fait de difficultés, il arriva de nuit dans le quartier français, demanda une adresse compromettante, se nomma et eut la chance de se trouver en face d’un anarcophile. L’imprudent fut logé, mis en lieu sûr et le surlendemain, prévenus à quelques-uns, nous prîmes toutes nos dispositions pour le soustraire à l’œil perçant de Houillier, plus Johnson que jamais.

Pendant que Matthieu, confiné dans les retraites successives que nous lui trouvions, attendait avec une impatience fiévreuse le moment de respirer à l’air libre, les feuilles publiques continuaient à signaler sa présence à Paris, à Lille, à Reims, à Lyon, à Perpignan, à annoncer son arrestation dans les lupanars, vieille calomnie qui prend toujours. À la fin, horripilé de se voir traiter dix fois par jour de voleur, de faussaire et d’assassin, il me dit :

— Tant pis ! j’en ai assez : je suis décidé à affronter une interview, je pourrai ainsi dire ce que j’ai sur le cœur. Connais-tu un reporter sincère ?

Diable !

Je me rappelai cependant un journaliste, rencontré sur la paille humide de Sainte-Pélagie, M. Maurice Leudet, toujours à l’affût de l’actualité, débrouillard comme pas un et, chose bien rare, scrupuleux de la vérité. Je mis les parties en présence et voici comment, deux jours plus tard, l’interview de Mathieu parut dans le Figaro.

À ce moment l’affaire Viard était appelée en justice correctionnelle. Au mépris de toute pudeur, alors que la plaignante n’osait même pas paraître à l’audience et