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bonna du coup : je le comprends et aurais mauvais gré de lui en vouloir.

Voilà dans quelle mesure, j’ai été l’agent de la juiverie ! J’ajouterai que je ripostai au calomniateur par une lettre des plus insultantes qu’il avala sans en parler. Détail comique : je recommandai à la poste anglaise cette missive, dont l’enveloppe était libellée « à M. Drumont directeur du canard « la Libre Parole » : la préposée, qui n’était pas tenue de connaître les finesses de la langue française, inscrivit gravement sur le reçu « M. Drumont, director of the canard La Libre Parole ». Quant aux journaux, fort mal disposés à l’égard des anarchistes — on était en pleine période dynamitarde, — peu désireux de polémiquer avec un écrivain aussi acerbe que déloyal, ils se refusèrent à toute insertion. Je dus me borner à la publication, difficilement obtenue, d’une lettre dans l’En dehors.

Un des écrivains qui contribuèrent le plus à mon évolution socialiste fut Lissagaray, alors en plein coup de feu révolutionnaire.

Sa première Bataille, si différente de la seconde, était un journal tout nerfs, bien propre à séduire un jeune homme que ne satisfaisaient plus les pompeux clichés des républicains arrivés, mais qu’eût rebuté la science, indigeste autant que problématique, des doctrinaires. Sans aller du coup jusqu’au tréfond, je vis qu’il y avait autre chose que la religion républicaine enseignée au peuple par les jouisseurs bourgeois. L’Histoire de la Commune par le même écrivain me parut un livre réellement beau, l’un des rares que j’aie souvent relus : il cadrait bien avec mes sentiments personnels, car j’étais lassé de l’étroitesse des jacobins comme, par la suite, je