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l’union latine. Il ne dédaigne pas les fréquentations aristocratiques et possède assez de tact pour se faire apprécier des royalistes libéraux aux collectivistes modérés. Si jamais la monarchie de Savoie tombe à droite, M. Raqueni deviendra sous-secrétaire d’État… peut-être ministre.

Environ un mois plus tard, Olivier Pain, qui m’avait déjà procuré quelques travaux de copie, vint me proposer de quitter l’Agence Continentale pour le Réveil Lyonnais, journal radical socialiste où il entrait lui-même et, en bon camarade, s’efforçait de faire entrer les vétérans désargentés de la Commune. J’acceptai sur-le-champ et fus chargé des comptes-rendus de la Chambre. Jourde, Cournet et, je crois, quelque peu Protot, en furent aussi. Malheureusement, le directeur, que nous considérions comme un démocrate de bon aloi, n’était, nous l’apprîmes par la suite, qu’un marchand de papier, ancien rédacteur d’une feuille grivoise.

Cette circonstance, exploitée par les concurrents, jeta un froid dans le public et le tirage de cet organe, le plus avancé des quotidiens lyonnais, tomba en moins de deux mois de quarante mille à trois ou quatre mille exemplaires. Ce n’était pas assez pour subsister et, tandis que nous continuions, en naïfs à tartiner gratuitement au nom de l’abnégation républicaine, le directeur, qui avait dû retirer son nom des manchettes, et les administrateurs, abandonnant le journal à son malheureux sort, utilisaient en voyages d’agrément les dernières passes concédées par les compagnies de chemin de fer.

Après deux mois de collaboration payée et trois ou quatre de collaboration à l’œil, nous dûmes chercher