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qu’on avance au nord, dans la direction de Hienghène, des roches surgissent sous les aspects les plus bizarres, formant un immense parapet qui se continue dix lieues durant. Pour longer la côte à pied, il faut suivre une étroite corniche, au sommet de ces roches, à plusieurs centaines de mètres au-dessus du niveau de la mer. Malheur au voyageur que le vertige saisirait ou qui ferait un faux pas ! Il roulerait, brisé, dans l’abîme pour servir de pâture aux requins.

Deux roches que leur forme bizarre a fait baptiser « Tours de Notre-Dame », masquent la plage de Hienghène. Derrière ces masses énormes, le pays s’étend et verdoie. Des ruisseaux sans nombre y roulent leurs flots argentés sur des blocs de quartz et des pierres pailletées d’un mica qu’on prendrait pour de l’or. Des arbres et des arbustes de toutes sortes : cocotiers, pins, bancouliers, bananiers, goyaviers, papayers, manguiers, pandanus, y forment un élégant fouillis de verdure et fournissant pour la plupart, des fruits abondants. Le pommier-thia, au tronc massif et noueux, donne son fruit rose, si léger sous la dent qu’on le dirait formé d’une mousse fondante et humide. Le long des cours d’eau, croît la salsepareille aux contournements capricieux, des banians, assez larges pour couvrir de leur ombre tout un village rassemblé, projettent leurs épaisses racines qui sortent du sol comme pour aller se souder aux branches. Quant au niaouli (melaleuca leucadendron), l’arbre le plus abondant en Nouvelle-Calédonie, on le rencontre partout. Son écorce argentée aux couches multiples et malléables, semblables à des feuilles de parchemin, sert à recouvrir les parois des cases ; on pourrait en tirer un excellent parti pour la