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qu’il fut touchant, car l’auditoire me parut donner des signes d’émotion. Une femme qui cocufiait son mari à… bouche-que veux-tu, fondit en larmes ; deux mineurs, qu’on ramassait ivres-morts tous les samedis, derrière le magasin de Girard, cachèrent leur visage dans leurs mains et lorsque, après l’Ite missa est, les fidèles eurent vidé les lieux, l’un d’eux s’approcha du missionnaire prêt à s’en aller et, dans un accent de lyrisme :

— Nom de Dieu ! mon père, lui dit-il, ce que vous avez bien parlé ! Voulez-vous que je vous paie l’absinthe ?




CHAPITRE IX.


LES GENS D’OUBATCHE.


L’opiniâtre Poindi-Patchili ayant été fait prisonnier et envoyé à l’île des Pins avec quelques-uns de ses guerriers, mon collègue Fournier vint me relever et, un beau matin, je partis pour Oubatche, à bord du vapeur qui, une fois par mois, faisait le service des courriers le long de la côte.

Nous étions à la fin de juillet, saison hivernale de ce côté de l’équateur, mais comme les rigueurs de la température se chiffraient par vingt-neuf degrés centigrades au dessus de zéro, nous n’avions pas peur de nous heurter en route à des banquises.

À bord du steamer se trouvait un télégraphiste métropolitain, du nom de Savin, jeune encore et de belle mine, qui eût été charmant sans une pointe de cette