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sa caisse. Les bouteilles de vin doux se vidaient. Reine — la jolie Reine — emplissait les verres et conduisait la danse. Et zou, il fallait voir comme elle se déhanchait, un peu grise, telle qu’une tourde qui aurait picoré dans les vignes mûres.

Les garçons en profitaient pour lui serrer la taille et lui conter leurs meilleures antiennes.

Et elle souriait, la moqueuse, croyant son bonnet bien épinglé sur ses cheveux noirs et son fichu d’indienne bien noué sur son corsage.

Elle respirait la fleur d’amour indolemment, en curieuse, sans cesser de sourire, sans se défendre contre l’émoi subtil qui l’engourdissait peu à peu.