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NATURELLE DES VERS À SOIE 123 ait pu jusqu’ici en tirer parti ; cependant il faut en excepter deux espèces qui, au Bengale et dans les contrées voisines, fournissent une soie très recher- chée, dont on fait un très grand usage, et qui mérite, à cause de cela, que nous en parlions, parce qu’il serait peut-être avantageux et possible de les trans- porter en Europe et de les y acclimater. Ces deux espèces sont les Bombyx mylitta et cynthia. Le Bombyx mylitte (Bombyx mylitta de FaBriCius, ou la Phalena paphia de Cramer (1), est un papillon ( fig. 121) d’une grande taille qui égale celle de notre Bombyx grand-paon. Il est jaune ou quelquefois d’un jaune fauve ; une bande d’un gris bleuâtre se remarque sur le dos du Fig. 121. corselet, et s’étend le long du bord antérieur des ailes supérieures ; celles-ci, dont le bord externe est très échancré dans les mâles, présente deux raies transversales roussâtres, et une raie blanchâtre vers le bord postérieur ; leur milieu est occupé par une tache en forme d’œil oval, dont le centre est coupé par une ligne roussâtre ; les ailes postérieures sont arrondies et presque semblables, pour les couleurs, aux antérieures. La chenille ( fig. 122 a) a quelque rapport avec celle de notre Bombyx grand-paon ; son corps est vert avec de petits tubercules poilus : une raie jaune, qui commence au 3e anneau et se continue jusqu’au dernier, se remarque de chaque côté de son corps ; la tête et les pattes sont rouges. Cette chenille vitsur Fig. 122. le Rhamnus jujuba (Byer des Indous), dont elle mange les feuilles. Elle se nourrit aussi du Terminaha alata glabra roxB. ou posseem des Indous. Arrivée au terme de sa croissance, elle se file une coque b à fils très ser- rés, d’une couleur brunâtre, d’une forme alongée et obtus aux deux bouts ; au bout supérieur, les fils se continuent et s’accollent entre eux pour former une véritable tige ou pédicule, très consistant, élastique, et qui est fixé à un rameau de la plante au moyen d’un véritable anneau qui l’embrasse exactement. On retire de cette coque une soie brunâtre qui, dévidée, a l’apparence de filasse qu’on nomme dans le pays tusseh-silk ; on en fait des étoffes qu’on nomme tusseh doothies. L’histoire de cette espèce curieuse a été donnée en 1804 par wiLLiam roxBurg, dans les Mémoires de la Société Linnéenne de Londres (2). Et tout récemment nous avons obtenu de nou- veaux renseignements par M. Lamarre piquoT, qui a rapporté et donné au Muséum d’Histoire naturelle de Paris des cocons renfermant des chry- salides encore vivantes. Les papillons ont éclos vers le mois d’avril, mais sur le petit nombre qui est né il ne se trouvait que des femelles. D’après les rensei- gnements qu’a obtenus roxBurg, il paraît que cette espèce ne peut être conservée dans l’état de cap- tivité comme notre ver à soie. Toutes les tentatives qu’ont faites jusqu’ici les Indous pour obtenir l’ac- couplement et la ponte des papillons femelles ont été infructueuses. Ils vont chercher dans les bois les chenilles au moment où elles viennent d’éclore, et les transportent près de leur demeure, en les plaçant sur les plantes dont elles se nourrissent et qu’ils font croître dans le voisinage de leurs habitations. La seconde espèce de Bombyx ( fig. 123) origi- Fig. 123. naire du Bengale, et dont la soie est employée dans ce pays, a été désignée sous le nom de Bombyx cinthia par FaBriCius. Elle est aussi figurée dans Cramer (3) et dans drury (4) ; mais peut-être ces deux fig- ures appartiennent-elles à des espèces différentes. Les ailes antérieures, un peu en faucille, présen- tent une tache ocellée noire, près de l’extrémité. Leur couleur est gris-brun avec une tache en crois- sant vers le milieu ; une