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liv. ii.
CULTURES INDUSTRIELLES : PLANTES TEXTILES ET FILAMENTEUSES.


Cavanilles a expérimenté que les fibres de son écorce, après avoir été purgées de leur mucilage et du tissu cellulaire par le broiement et la macération, pouvaient être converties en cordes assez bonnes. Dernièrement l’expérience de Cavanilles a été répétée à Toulon avec succès, et l’auteur a envoyé à la Société d’horticulture, des échantillons de cordes faites avec cette plante.

Mauve à feuilles crépues (Malva crispa, Lin.; angl., Curled leaved mallow ; ital., Malva riccia), plante annuelle, originaire de la Syrie, croissant très-bien en France, où elle atteint presque la hauteur d’un homme, et fait l’ornement des jardins par ses grandes feuilles élégamment crispées et frisées sur les bords. Je n’en parle ici que parce que l’on dit que Cavanilles est parvenu à fabriquer d’assez bonnes cordes avec les fibres de son écorce. Je ne sache pas que depuis cet auteur personne ait tenté d’en extraire.

§ VII. — Des mûriers.

Fig. 24.

Mûrier à papier (Broussonetia papyrifera, Willd.; angl., Paper mulberry ; all., Papier-Maulbeerhaum ; ital., Moro papirifero) (fig. 24 ), grand et gros arbre du Japon, à fleurs dioïques, les mâles réunis en chaton, et les femelles formant une boule de 8 à 9 lignes de diamètre, de la circonférence de laquelle sortent de gros filets rouges, charnus, mangeables, portant chacun une graine noirâtre au sommet ; les feuilles, grandes, drapées et un peu rudes, sont la plupart divisées en deux ou trois lobes. Cet arbre croit très-bien en France, n’est difficile ni sur le terrain ni sur l’exposition, et se multiplie facilement de graines. On a cru pendant longtemps que c’était avec l’écorce des rameaux de cet arbre que les Chinois faisaient ce beau et fin papier que nous appelons ici papier de Chine, et on espérait, en l’introduisant en France, trouver le moyen d’en tirer aussi un papier d’une qualité supérieure aux nôtres ; mais on a appris depuis peu que c’est avec une plante cypéracée, dont l’espèce ne nous est pas connue, que les Chinois fabriquent leur beau papier. Du reste, le mûrier en question leur sert à faire du papier inférieur et quelques tissus ; dans des îles voisines du Japon, on en fait des habillemens ; mais il n’entre pas dans la confection de ce qu’on nous vend sous le nom de papier de Chine. Néanmoins, d’après les premières idées, Faujas de Saint-Fond a essayé d’en fabriquer du papier à la manière européenne, et il a eu lieu de s’applaudir de son essai. Aujourd’hui, on se borne à considérer le mûrier à papier comme pouvant contenir une assez bonne filasse dans son écorce, sans que personne le démontre par des expériences convaincantes.

Mûrier blanc (Morus alba, Lin.; angl., White mulberry ; all., Weisser maulbeerbaum ; ital., Moro bianco). Olivier de Serres, dans son Théàtre d’agriculture, rapporte et détaille le procédé qu’il a employé pour tirer de l’écorce du mûrier une belle et forte filasse dont il a fait faire de la toile. On ne doute pas de la vérité de ce qu’a dit ce patriarche de l’agriculture, et pourtant on ne s’occupe guère aujourd’hui ni de répéter, ni de perfectionner son expérience.

§ VIII. — Des Orties.

Fig. 25.

Ortie de la Chine (Urtica nivea. Lin.; angl., White leaved nettle ; ital., Ortica blanca) (fig. 25), plante vivace, d’une végétation vigoureuse, formant, par le nombre de ses tiges, de grosses touffes hautes de 5 à 6 pieds. Ses feuilles, dénuées de ces poils piquans et brûlans, propres à plusieurs espèces d’orties, sont innocentes, alternes, ovales-acuminées grandes et très-blanches en dessous, ce qui rend la plante propre à l’ornement des grands jardins. Elle ne fleurit pas ordinaire-