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chap. 2e.
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DU LIN ET DE SA CULTURE.


elles viennent plus tard, ils ne peuvent plus profifer, aussi bien que les semis tardifs, de leur heureuse influence.

Quelle que soit la variété dont on aura fait choix, on reconnaît la bonne qualité des graines à leur grosseur, à leur pesanteur relatives et à leur éclat luisant. — Si leur maturité n’était pas complète, elles seraient à la fois moins luisantes, moins pleines, conséquemment moins dures et d’une couleur brune nuancée de verdâtre.— Si elles avaient mûri prématurément sur des pieds d’une faible végétation, elles seraient plus petites que de coutume. — Quoique ces graines conservent assez longtemps leur propriété germinative, les plus fraîches doivent être préférées comme les meilleures.

Le soin que l’on met à obtenir de bonnes graines n’est pas d’une faible importance pour le résultat futur des cultures de lin. On assure que c’est en partie à une pareille précaution que les lins de Riga doivent leur haute stature, et je suis convaincu qu’on les verrait dégénérer moins vite si l’on jugeait à propos de la prendre ailleurs. Dans ces contrées, c’est-à-dire dans la Livonie, la Courlande et même l’Estonie et la Lithuanie, pour renouveler les semences de choix dont on fait usage sur chaque exploitation, on recherche les meilleures terres ; on les travaille plus soigneusement que d’autres ; on les fume davantage ; on sème moins dru, afin d’obtenir des plantes plus vigoureuses, et surtout on laisse mûrir complètement sur pied. — Cependant, à moins que la variété de Riga ne soit plus féconde là qu’en Belgique et en France, ce qui paraît peu probable, il faut consacrer à cette culture un espace considérable ; car on ne doit guère espérer de recoller plus de 2 ou 3 fois la semence, et un semblable semis ne peut produire ni autant, ni d’aussi bonne filasse qu’une culture ordinaire. — Les variétés françaises étant plus grainantes, le sacrifice serait moins grand, et le résultat probablement tout aussi assuré dans celles de nos terres qui conviennent le mieux au lin.

§ V. — Des divers modes de semis.

La méthode la plus ordinaire est de semer le lin à la volée sur un dernier hersage ou un roulage, et de l’enterrer à la herse ; mais cette méthode est loin d’être la plus parfaite.

En Maine-et-Loire, même pour les lins d’hiver, auxquels on accorde moins de soins qu’aux autres, à la herse on préfère un large râteau qui recouvre infiniment mieux la semence, encore juge-t-on nécessaire, quand on opère ainsi, de répandre une plus grande quantité de graines, parce qu’on suppose qu’une partie lèvera mal ou sera détruite par les oiseaux. — Pour les lins d’été, on les sème en quelque sorte sous raie de la manière suivante : quand on juge que la surface du terrain précédemment hâlé, c’est-à-dire labouré à une faible profondeur, est dans un état de division convenable, à l’aide de la houe dont j’ai déjà parlé, par un mouvement des bras en quelque sorte analogue à celui que fait un faucheur, le semeur ouvre sur l’un des côtés de la planche un sillon ou une tranchée profonde tout au plus d’un pouce (0m027), et large de 3 pi. 1/2 à 4 et 5 pi. (de 1 à près de 2 mètres), selon sa taille et la perfection qu’il cherche à apporter à l’opération. Le fond de cette tranchée se trouve ainsi plombé de la manière la plus régulière par le fer de l’instrument, et présente une surface parfaitement unie sur laquelle les graines reposent toutes à une même profondeur. Dès qu’elles y sont placées, on les recouvre de la terre enlevée de la tranchée suivante. Le grand art de l’ouvrier consiste à répandre cette terre également, ce qui devient d’autant plus difficile que, pour économiser le temps, on fait des sillons plus larges. — Un homme exercé à ce genre de travail, en ne rayonnant que d’environ 4 pi. (1m299), peut semer ainsi de 6 à 7 ares par jour.

La quantité de graines employée est d’un peu moins de 3 mesures de 4 au boisseau, par boisselée cadastrale de 15 15/100 à l’hectare, ou le boisseau comble de graines de lin équivalant au décalitre, d’environ 1 hectolitre par hectare. — Le décalitre pèse de 13 à 14 kilogrammes.— Cette quantité, bien suffisante d’après la méthode que je viens d’indiquer parce que toutes les graines sont mises dans une position également favorable à la germination, cesserait de l’être en des circonstances moins heureuses ; aussi, en résumant un assez grand nombre de documens pris dans la pratique, trouve-t-on que, suivant les diverses destinations des semis, la manière de les effectuer et le choix des variétés, elle s’élève communément jusqu’à 175, et même dans quelques cas au-delà de 250 kilog. lorsqu’on veut obtenir des lins très-fins. — Dans le but principal de récolter de belles graines, on ne doit pas semer, terme moyen, plus de 125 kilog. à l’hectare.

Pour les lins de Riga, M. Vétillart recommande d’employer de 150 à 160 livres de graines par arpent de la Mayenne, et de passer sur tout le semis un rouleau léger, traîné par deux hommes, ou une herse faite de branchages enlacés en manière de claie.

« Si l’on veut semer des carottes ou du trèfle dans le lin, ajoute-t-il, on attend huit jours après le semis du lin ; on choisit une belle journée, et on passe sur le terrain ensemencé une herse très-légère de branchages ou d’épines, et qui ne fait qu’égratigner un peu la surface au sol : on sème alors la graine de trèfle ou de carotte sans la recouvrir. La quantité de ces graines dépend de la nature du sol ; dans les terres bien amendées et bien cultivées, en Belgique, on sème 10 livres de trèfle par arpent, ou 2 livres et demie de carottes. Cette pratique a souvent des inconvéniens : dans une année humide le trèfle pousse trop vile et fait pourrir le pied du lin. C’est pour éviter en partie cet inconvénient qu’on sème le trèfle huit jours après le lin, pour que celui-ci ait le temps de lever le premier et de prendre le dessus.»

§ VI. — De la culture d’entretien.

La culture qui suit le semis et précède la récolte est parfois nulle pour le lin ; — sou-