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fourragère ; plusieurs au contraire sont nuisibles aux herbages. De ce nombre sont surtout les Mousses (Musci, Juss.), dans les prairies moyennes et élevées ; les Fougères (Filices, Juss.) » dont les espèces communes font sur les sols profonds et frais le désespoir du cultivateur, parce qu’elles s’y multiplient en dépit de tous ses efforts ; enfin les Prèles (Equisetaceœ, DC.) qui abondent dans les lieux humides et n’y donnent cependant aucun ou presque aucun produit.

Au nombre des Embryonées, dans la grande division des Monocotylédones et dans la famille des Cyperoïdes (Cyperaceœ, Juss.), presque tous les Carex ou Laiches (Carex) doivent être rejetés à cause de la dureté de leurs fanes sèches et la disposition tranchante de leurs feuilles qui les rendent dangereuses pour les animaux ; — Les Scœnus (Scœni) répugnent aux herbivores ; — les Scirpes (Scirpi) présentent à la vérité quelques espèces qui ne leur déplaisent pas autant, mais tous pourraient être remplacés par de meilleurs fourrages ; — les Souchets (Cyperi) sont dans le même cas.

Viennent ensuite les Graminées, parmi lesquelles on ne trouve au contraire, à vrai dire, dans nos climats, aucune espèce qui ne convienne plus ou moins aux bestiaux, bien qu’il soit avantageux d’en écarter plusieurs, soit à cause de leur dureté, soit par suite du peu d’élévation ou d’abondance de leurs fanes, etc.

Dans la famille des Joncs (Jonceœ), diverses espèces qui se multiplient abondamment sur les fonds humides occupent inutilement beaucoup d’espace.

Dans celle des Alismacées (Alismaceœ), il est aussi plusieurs herbes inutiles, d’autres nuisibles. — Au nombre des premières il faut ranger le Butome en ombelle (Butomus umbellatus, Lin.) et le Plantain d’eau (Alisma plantago, Lin.), — parmi les secondes, le Veratre blanc (Veratrum album, Lin), plante âcre et vénéneuse, même après la dessiccation, et la Colchique d’automne (Colchicum automnale, Lin.), dont toutes les parties ont une odeur forte, nauséabonde, et dont les feuilles, par leur abondance, nuisent essentiellement à la récolte et à la qualité du foin.

Les Liliacées ne donnent aucun produit fourrager, mais rarement elles sont assez abondantes pour nuire beaucoup aux herbages par leur végétation. J’ai cependant vu des prés entièrement envahis par la Fritillaire (Fritillaria meleagris, Lin.), comme on en trouve parfois d’occupés en grande partie, sur les hauteurs et dans les lieux plus secs qu’humides, par diverses espèces d’Ail (Allium vinéale, oleraceum, etc.) qui communiquent au laitage, au beurre et même au fromage une saveur à laquelle il est difficile de s’habituer.

Ailleurs, les Orchidées dominent, et, dans cette belle famille, les Orchis mâle et panaché (Orchis mascula et variegata, Lin.), parfois l’Orchis militaire (Orchis militaris, Lin.) sont si abondans que les herbes disparaissent presque en entier à l’ombre de leurs fleurs.

Dans la division des Dicotylédones, les Aristoloches (Aristolochiœ) communiquent au foin une odeur repoussante. Celle qui porte le nom de clématite (Aristolochia clematitis, Lin.) trace beaucoup dans les lieux humides, et doit être particulièrement détruite avec soin. Cependant on a exagéré ses dangers, et je dois dire que j’ai vu souvent des vaches en manger, à la vérité en petite quantité, sans en être incommodées.

Au nombre des Polygonées (Polygoneœ), les Patiences (Patientiœ, Lin.), dont les larges feuilles et les tiges coriaces occupent inutilement de grands espaces, telles que la Parelle (Rumex aquaticus, Lin.), et même la grande Oseille (Rumex acutus, Lin.), auxquelles les ruminans ne touchent jamais en vert lorsqu’on les laisse libres du choix, et qui ne sont pas susceptibles d’être transformées en foin, sont par conséquent des plantes nuisibles. Nous ajouterons que le Poivre d’eau (Polygonum hydropiper, Lin.) est considéré comme dangereux pour les animaux.

Dans la famille des Lysimachies ou des Primulacées (Lysimachiœ, Juss.), on doit proscrire la Lysimache commune (Lysimachia vulgaris, Lin.), qui se propage avec rapidité le long des cours d’eau, et la Primevère (Primula veris, Lin.), qui envahit souvent une grande partie du terrain, et qui ne peuvent être converties en foin, la première, à cause de la dureté de ses tiges presque ligneuses, la seconde, parce qu’elle est trop peu élevée ; la Globulaire commune (G. vulgaris, Lin.), qui déplait aux animaux, etc. Parmi les Pédiculaires (Pediculares), la P. des marais (Pedicularis palustris, Lin.) est regardée comme nuisible aux moutons ; la Cocrète (Rhinanthus crista-galli, Lin.) donne un très-mauvais foin.

Les Labiées (Labiatœ) et les Personnées ou Scrophulaires (Scrophulariœ et Pediculares, Juss.) sont généralement repoussées par le gros bétail, quoique plusieurs espèces soient du goût des bêtes à laine. Dans les prairies basses, la Germandrée (Teucrium scordium, Lin.), lorsque les vaches sont forcées d’en manger, communique à leur lait une saveur fort désagréable ; la Menthe aquatique (Mentha aquatica, Lin.) empêche dit-on, la coagulation du beurre ; le Stachys des marais (Stachys palustris, Lin.) se multiplie beaucoup sans utilité par le moyen de ses traces. Il en est de même de la Scrophulaire aquatique (Scrophularia aquatica, Lin.). Toutes les Linaires, surtout la commune (Linaria vulgaris, Lin.), qui abondent dans les localités plus sèches qu’humides, doivent être détruites. Sur les terrains plus élevés, on a recommandé avec raison de détruire aussi les Sauges (Salviœ), et notamment les espèces suivantes : la Sauge officinale, S. officinalis Lin., et celle des prés (S. pratensis, Lin.), la S. sauvage (S. sylvestris, Lin.), la sclarée (S. sclarea, Lin.), la Cataire (Nepeta cataria, Lin.), la Bétoine (Betonica officinalis, Lin.), la Ballote noire (Ballota nigra, Lin.), et le Marrube commun (Marrubium vulgare, Lin.), qui répugnent généralement aux bestiaux ; le Lierre terrestre (Glecoma hederacea, Lin.), la Cardiaque officinale (Leonurus cardiaca, Lin.), qui tracent ou s’élèvent beaucoup au détriment des bonnes herbes ; la Mélisse