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On sème le maïs fourrage épais, à la volée, depuis la fin d’avril jusqu’à celle de juin et même le milieu de juillet, cependant, quoique cette méthode soit la plus ordinaire, d’habiles cultivateurs préfèrent les semis en lignes. Ils fument le terrain au printemps et le sèment par petites parties de 15 en 15 jours, se ménageant ainsi pendant 3 ou 4 mois une ample récolte de l’un des meilleurs fourrages verts connus, tout en disposant leur sol, par les binages, à recevoir l’automne suivante une belle culture de froment.

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§ ii. — Des plantes légumineuses[1].

Lupin (Lupinus). Calice à deux divisions ; — carène bipétale ; — étamines soudées à la base et à anthères, les unes rondes, les autres oblongues ; — gousses coriaces, oblongues, à plusieurs grains ; — fleurs en épis ; — feuilles digitées et à stipules adhérentes au pétiole.

Le Lupin blanc (Lupinus albus, Lin.), annuel, se distingue suffisamment du lupin bigarré, dont il se rapproche le plus, par la couleur blanchâtre de ses fleurs alternes, disposées en grappes droites et dépourvues de bractées ; par la lèvre supérieure de son calice qui est entière, etc. ; il s’élève à plus de 2 pieds (0m650). — Cette plante, qui a l’avantage incontestable de croître fort bien sur les sols de très-médiocre qualité, dans les graviers et les sables ferrugineux, connue sur les argiles les plus maigres, et de résister partout à la chaleur, vient au contraire assez mal à l’humidité et dans les terrains calcaires à l’excès ; elle craint les froids du nord et du centre de la France ; aussi ne peut-on l’y semer que vers la mi-avril, à raison de 10 à 12 décalitres par hectare.

Le lupin en vert est un assez bon pâturage pour les moutons ; lorsqu’on le cultive sur une terre de la nature de celles dont je viens de parler, c’est ordinairement ou pour le faire pâturer sur place par ces animaux, ou pour l’enfouir au moment de la floraison. Dans l’un et l’autre cas, il présente un moyen puissant et peu coûteux d’amélioration. — On a quelquefois donné les tiges sèches de lupin aux bœufs, qui mangent les sommités en cas de pénurie d’autres fourrages, mais qui rejettent toujours la partie inférieure, à moins qu’elle n’ait été préalablement pilée ou hachée. — Les grains macérés dans l’eau sont un excellent aliment pour les ruminans.

Dans quelques parties du midi, notamment aux environs de Bordeaux, on cultive aussi le Lupin à feuilles étroites (Lupinus angustifolius, Lin.).

Anthyllide (Anthyllis). Calice à cinq divisions, renflé à partir de sa base, et rétréci vers son orifice, velu, persistant ; — étendard plus long que les ailes et la carène ; — gousse petite, renfermée dans le calice, et à une ou deux graines seulement ; — feuilles ternées ou ailées, avec impaire plus grande que les autres folioles, et à stipules adhérentes au pétiole.

« L’Anthyllide vulnéraire (Anthyllis vulneraria, Lin.), vivace (fig. 683), est une plante indigène que Fig. 683. nous avons souvent rencontrée dans les prés et les pâturages secs ; que les bêtes à laine, les chevaux, les chèvres et les bœufs mangent, et qui nous parait propre à utiliser les sols les plus ingrats. Ses racines, vivaces et pivotantes, fournissent des tiges herbacées, un peu velues, couchées dans l’état de nature, et formant une touffe étalée d’environ 34 centimètres. Ses feuilles ailées ont peu de folioles, et ses fleurs jaunes sont ramassées en têtes géminées. » Yvart (Cours complet d’agriculture théorique et pratique).

Trèfle (Trifolium). Calice tubuleux, à cinq divisions ; — carène d’une seule pièce, plus courte que les ailes et Fig. 684. l’étendard ; — gousse petite, renfermée dans le calice, et de deux à quatre graines ; — feuilles ternées ; — fleurs réunies en tête ou eu épis serrés.

Le Trèfle commun (Trifolium pratense, Lin.), grand Trèfle rouge, Trèfle de Hollande, etc., en anglais, Clover (fig. 684), vivace, a des tiges plus ou moins rameuses, longues de 1 pied à 1 p. ½ (0m325 à 0m487), redressées, peu ou point velues dans l’état de culture ; ses 3 folioles sont elliptiques, glabres ou très-peu velues, à peine dentées ; ses fleurs sont d’un rouge pourpre, disposées en tête serrée, portant à sa base

  1. La fleur des légumineuses est composée de deux parties : un calice qui correspond à la glume des céréales, c’est-à-dire qui forme l’enveloppe extérieure de la seconde partie ou de la corolle. Pour l’intelligence de ce qui va suivre, il est nécessaire de savoir que cette dernières est formée de 4 divisions ou pétales, savoir : un à la partie supérieure appelée étendard : c’est ordinairement le plus long ; — 2 opposés sur les côtés, appelés les ailes, et un en bas recourbé et parfois divisé, désigné sous le nom de carène.