Page:Mairet - Marca.djvu/54

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour le croire, on était forcé de faire le calcul des années écoulées. Superbe de santé, elle défiait la lumière éblouissante du salon ; elle était admirablement mise, quoiqu’arrivant de voyage ; — sans doute par coquetterie, le trajet de ce jour-là n’avait pas été long. Sa robe de drap foncé la moulait absolument, dessinant chaque ligne de sa belle personne ; la mode du jour le voulait, et Véra forçait un peu la mode.

Mais, c’était surtout le visage qui attirait l’attention, ce visage qui n’avait jamais eu de vraie beauté, que l’on avait trouvé jadis insignifiant : quelle métamorphose ! Il y avait maintenant une intensité de vie dans les yeux, une mobilité d’expression autour de la bouche, qui empêchait de constater que ces yeux étaient trop clairs, et que cette bouche, aux minces lèvres, était mal dessinée. Ce fut Marca qui très naïvement exprima le sentiment général :

— Oh ! marraine, que vous êtes donc belle ! fit-elle en joignant les mains.

— Il te semble, mignonne ? répondit Véra, riant à demi, et prenant la figure de la jeune fille entre ses deux mains ; crois-moi, petite, je n’ai jamais été aussi jolie que toi…

Elle disait cela nonchalamment ; la beauté d’une petite fille comme Marca ne la gênait pas ; elle planait bien au-dessus, avec ses airs de