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lui avait été précieuse ; sans elle, son crédit, fort ébranlé, aurait eu de la peine à se remettre du choc de son verre contre les verres allemands.

— Mademoiselle Marca de Schneefeld ! annonça un superbe domestique en livrée.

Il y eut un tressaillement ; Amélie, comme une grosse poule qui protège ses poussins, se leva frissonnante ; Maxime et ses deux sœurs regardaient vers la porte, ne comprenant pas au juste ; le baron Jean sentit le sang monter à ses joues jaunies. Tout ce monde avait à peu près oublié l’existence importune de la petite fille, que l’on annonçait ainsi pompeusement, et qui prenait possession du nom de famille.

Marca éblouie par le flot de lumière, restait sur le seuil de la porte. Depuis que tantôt, on était venu la chercher à la pension, sur un ordre de sa marraine, elle avait marché d’enchantement en enchantement ; maintenant, ce salon extraordinaire de luxe bizarre, la lumière de centaines de bougies tombant sur les broderies d’or et d’argent, sur les bibelots étincelants, tout cela lui semblait la réalisation de quelque conte des Mille et une Nuits. Cependant, le groupe silencieux, auprès du foyer, l’intimidait ; elle n’osait avancer, et se sentait rougir péniblement sous leurs regards hostiles. Ceci ne dura que quelques instants ; le baron alla à sa rencontre, mais elle ne le vit pas ; elle semblait cher-