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— Vous savez… si demain vous ne payez pas, on vous met à la porte ! Le propriétaire l’a dit encore tantôt.

Sans répondre, elle passa, se tenant à la muraille. Tout à coup elle sentit deux bras qui l’entouraient, et la voix de Maxime était dans son oreille. — Elle ne songea même pas à se débattre ni à crier.

— Je l’ai entendue, cette femme ! On veut te chasser… Tant mieux ! Tu auras lutté, ma pauvre mignonne, tu auras fait ton possible ; mais vois-tu, cela ne pouvait pas être… Toi, élevée en princesse…

— J’ai faim… dit Marca.

— Viens, tu mangeras, tu te réchaufferas. N’aie pas peur, on ne te verra pas… Je viens de renvoyer mon domestique ; un souper froid est préparé pour le retour du théâtre, à côté d’un feu qui flambe… Viens.

— Mais tu sais bien que je ne le peux pas, murmura la pauvre fille… Ne vois-tu pas que je t’aime, mon Maxime… Il faut que tu me laisses passer…

— Écoute, ma chérie !… écoute bien. Ne me connais-tu pas assez pour te fier à moi ? À te voir ainsi à demi mourante de faim, de froid, tout mon cœur se serre. Je te jure que tu partiras quand tu le voudras ; je ne te demanderai même pas à embrasser le bout de tes pauvres doigts glacés…