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belle-sœur, rouge, chargée de bijoux, débordante dans son corsage vert, et se sentait elle-même d’autant plus svelte, élégante, taillée dans du marbre blanc. Cette aventurière était née grande dame.

Comme on était en petit comité, les conversations particulières devenaient difficiles. Les tasses de café posées ici ou là, on se rapprocha du feu, et la conversation s’engagea ; Amélie entama une longue histoire à propos de son fils, Maxime, qui était revenu de la pension, avec son petit nez tout barbouillé de sang ; il s’était battu comme un héros avec un affreux gamin bien plus âgé que lui. Amélie parlait volontiers de ses enfants ; elle en avait trois : Maxime âgé de huit ans, Laure qui n’en avait que trois, et enfin la petite Claire. L’histoire du nez ensanglanté n’ayant eu qu’un succès d’estime, on parla couturières ; ceci intéressait toutes les dames, et il y eut un petit rapprochement des jupes, un frou-frou amical des volants. Mais cela ne dura pas longtemps ; on s’ennuyait ; on bâillait derrière les éventails en attendant les hommes. Véra ne faisait pas grand’chose pour amuser ses invitées, elle semblait absorbée ; le murmure des voix restait à un diapason fort bas, sans rires francs.

Enfin il y eut un bruit de voix masculines ; le fumoir lâchait sa proie ; les hommes entrèrent, apportant avec eux une forte odeur de tabac ; ils