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XV
INTRODUCTION

trument est à présent à un prix excessif qui le rend, par sa cherté, comme inutile au public, et qu’il espère le réduire à moindre prix et tel qu’il puisse avoir cours… » (1).

A Bourdelot, médecin de la reine Christine de Suède, il transmit une longue lettre explicative sur son invention, et en 1652 il fit hommage à la reine elle-même, d’une machine totalement terminée accompagnée d’une dédicace de sa propre main. L’a-t-elle jamais reçue ? A-t-elle répondu à Pascal ? Arckenholtz, l’historiographe de Christine, mentionne bien l’envoi de la machine, publie la lettre de Pascal mais sans aucun commentaire.

D’ailleurs, là s’arrête ce que nous savons de la réussite de cette machine qui cependant avait fait quelque bruit. Dans les salons de la Duchesse d’Aiguillon, Pascal l’avait montrée (2). Le poète Dalibray, qui l’a vue aussi, en parle dans une de ses pièces (3), Chapelain la cite avec enthousiasme dans une lettre à Huygens (4). Huygens paraissait beaucoup s’y intéresser et obtint de Ch. Bellair avec une description et un dessin, un exemplaire même de la Pascaline (5).

Leibnitz lui-même se procura très probablement un modèle de la machine au moment où il songeait à construire la sienne (6j.

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  1. Pascal. Œuvres, édit. Brunschvicg, t. III, p. 404.
  2. Loret. — La muze historique, 14 avril 1652
  3. Dalibray. — Œuvres poétiques. Paris, 1653, petit in-4o. Vers héroïques (Sonnet), p. 31.
  4. Lettre à Ch. Huygens, 20 avril 1659.
  5. Lettre à Ch. Huygens, 4 juillet 1659.
  6. Leibnitz, on le sait, s’était occupé de la construction d’une machine à calculer et l’avait présentée en 1673 à la Société royale do Londres. Il afûrmait qu’il était possible de résoudre les quatre règles avec sa machine, tandis qu’avec celle de Pascal, l’addition et la sonf-tractioii étaient seules possibles, bien que Pascal eut dit le contraire dans la lettre au chancelii’r ; on y lit:« … et suspendant tout autre exercice, je ne songeai plus qu’a la construction de cette petite machine que j’ai osé. Monseigneur, vous présenter, après l’avoir mise en état do faire, avec elle seule, et sans aucun travail d’esprit, les opérations de toutes les parties de l’arithmétique, selon que je me l’étais proposé ». Du vivant même de Pascal, peut-être en 1661 ou 1662, Grillet horloger à Paris avait travaillé à la construction d’une machine à calculer, dont il donne la description dans ses Curiosités mathématiques, publiées en 1673, avec une dédicace à Charles Thuillier, docteur en médecine ; Leibnitz en parle ciinme s’il l’avait vue ; il cite aussi celle de Moreland. Dans la correspondance de Leibnitz, on trouve plusieurs kdtres où il est question de la machine de Pascal ; il ea parle à Ghristiaan linygens, à Jacques et Jean Bcrnoulli, à de l’Hospital ainsi qu’à Hermann. De ces diverses machines, il n’y a que celle de Pascal qui paraît être arrivée jusqu’à nous; il est permis de se demander si les autres ont jamais été construites ? En 1725, Lépine tenta de modifier la machine de Pascal ainsi que Hillerin de Boitissendeau en 1730.