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MAGASIN PITTORESQUE.


A0T


rage des lampes. II est curieux d'observer que les lampes dont on îe servait à cette époque ressemblent à celles appe- lées creziou, et qu'empipient Les habilans des provinces mé- ridionales : au lieu du coton pour la mèche, on y plagait la moelle d'un certain petit jonc ; il y a même un vers de cette pièce où un erieur üit :


J'ai jonc paré pour mettre en lampe.

‘Yinaigre qui est bons et biaux. Vinaigre de moustarde i a. Diexl ail point de le 1


«— Vinaigre qui est bel el bon, — Voilà vinaigre de mou- tarde. — Pour Dieu! n'y at-il pas ici de lie (de vin ) à vendre?

Le vinaigre, c'est-à-dire le vin aigri, élait en usage avant le x siècle : on en‘onnaissait de diverses espèces. De- puis long-temps la moutärde de Dijon est renommée : Cham- pier , qui vivait sous François Ie, c'est-à-dire au xv1° siè- cle, nous apprend qu'elle s'envoyait sèche et en pastilles : quand on voulait s’en servir , on délayait une de ces past les dans du vinaigre : c'était ce vinaigre qu'on appelait vi- naigre de moutérde. Les vinaigriers allaient par les rues, demandant s'il y avait de la Be de vin à venâre; car ils s'en servaient pour la composition de leurs vinaigres.





Galetes chandes, eschaudez.

Roinsolles, ge denrées aux der.


As sons chaus pas nes oùb L'autre eis gustas rest

Je les aporte toz feu Cho des tartes et simini


s.

« Voilà des pâtés chauds, des gâteaux tout chauds, de chaudes ‘oublics renforcées, galettes chaudes, échaudés, rinsolles, gâteaux à jouer aux dés; —— N'oubliez Les flans tout chauds. Un autre crie : = Gâteaux razis; je vous Les apporte tout faits, ainsi que des tar- es chaudes et des simeniaus,


Les cabaretiers qui donnaient à manger chez eux ven dent ordinairement. de la pâtisserie; ils envoyaient leurs garçons erier et débiter leurs marchandises dans Les rues : Al y en avait de chauds et de froids. Dans les pâtés chauds on renfermait quelque bonne pièce de viande de boucherie , de gros et menu gibier , de La volaille ou du poisson.

Les oublies renforcées étaient ce que nous appelons au- jourd'hui des gauffres : les galettes chaudes sont celles que nous connaissons encore. Les eschaudes qu'on trouve dési- signés dans une charte du xtrr° siècle, sous la périphrase de Panes qui dicuntur eschaudati (pains qu'on appelle es - chaudes), étaient ainsi nommés parce qu'on les faisait lever en jetant dessus de l'eau chaude : c'était moins une friandise qu'ane noariture économique et commune , puisque saint “Louis permit aux boulangers , par grande exception, de caire les dimanches des échaudés pour les pauvres gens. Les ris- solles, ou roinssolles, comme disaient les crieurs du xrur siè- le, étaient une espèeé d'échaudé ou de galette faite avec de la graisse ou du beurre, mais rissolée dans la poële ; plus tard on y joignit de la viande hachée. La duchesse de Montpen- sier en parle dans ses Mémoires; l'auteur des Cris de Paris dit que ces gâteaux sont des denrées aux des, parce qu'après souper, le soir, les artisans, les écoliers et antres personnes soumises à des règlemens, ne pouvaient jouer que ces frian- dises aux jeux de hasard. Les fluons ou flans, dont paule le vers suivant. sont très anciens en France : le poète Fortu-




nat en parle ; il raconte que sainte Ragonde ‘pour se morti- fier , en faisait faire dont elle ne mangeait que l'enveloppe grossière, faite en pâte de seigle on d'avoine. Quant aux si- mentaus , c'était une sorte de pâtisserie connue sous ce nom en Picardie.

FONDATION DE L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE,

11 est un ensemble de connaissances premières qui doit être commun aux ingénieurs et officiers destinés à diriger les travaux publics. Rénnir dans La capitale de la France, an cen- re des sciences, sous Les plas habiles professeurs, l'élite des jeunes gens dont Le goût se prononce en faveur des différens corps du génie civil ou militaire, telle fut la pensée qui pré- sida à la fondation de Pécole Polytechnique : pensée toute moderne , qui ne pouvait maltre qu'à une époque où la France , brisant les barrières provinciales , se courbait sous la loi d'une unité administrative.

Le gouvernement avait pa, dès les temps les plus anciens, établir des écoles où le droit e la médecine fussent enseignés à de grandes masses de jènes gens; parce que, après leurs études, ceux-ci ne dépendaient plus que d'eux-mêmes et pouvaient pratiquer isolément, sans ensemble et sans règle, Les leçons de leur jeunessè; mais tant que la France demen- rait morcelée, tant guéÿà administration se ramifant et se Iocalisant dans les circoiseriptionis des provinces, était dans l'impuissance d'organiser sur tout le territoire un ensemble de travaux généraux de routes, de canaux, de mines, dé ponts, ete, il n'y avait pas lieu à fonder un établissement pour l'instruction primaire des ingénieurs.

‘Une école pour l'artillerie avait été installée à La Fère en 4788; supprimée plus tard, elle fut rétablie par la Con vention dans la ville de Châlons, où elle se trouvait alors (4784) dans le plas grand dénuement, Celle du Génie mili- taire, fondée à Mézière en 4748, après avoir mérité la plus hante célébrité, avait été transportée à Metz; les besoins pressans de la république en consommaient si rapidement les élèves avant la fin de leurs études, que les exämens de- meuraient ouverts sans que les candidats se présentassent.

.… L'école des Ponts-et-Chanssées , fondée en 1747 , et due à Perronet, ne recevait d'autres élèves que ceux que la faveur y appelait; et, sanf quelques leçons d'histoire naturelle, de physique et de chimie, elle confit aux jeunes gens les plus anciens et les plus habiles le soin d'instroire leurs ca- marades sur les connaissances fondamentales du. méfier ; ais alors (4794) il n'y avait plus d'enseignement , parcs que le génie militaire avait enlevé les élèves ies plus forts.

L'école des Mines, fondée pen d'années avant la révolu-- tion, venait d'être réorganisée (4794); mais on n'exigeait des élèves que des connaissances mathématiques, et quelques notions de chimie, insuffisantes pour foriner l'éducation prie maire d’un ingénieur des mines.

Quant aux élèves pour la construction des vaisseaux, qui

  1. 'exerçaient auparavant à lears travaux dans une salle da

Louvre, il n'y avait plus pour eux de leçons (4794), parce que Les scellés avaient été mis sur la valle.

Voilà quel était Fétat de l’enseignemént lorsque l'idés de l'école Polytechnique commença à surgir. Celui qui, le pre- mier, paralt l'avoir coneue dans toute sa valeur, est Prieur de la’ Côte-d'Or, mort l'année dernière. Priear en ft part sur-le-champ à son ami et ancien camarade, Carnot, officier du génie comme lui, membre comme lui du comité de salut public. Selon M. Fourey, auteur d'une histoire de lé. cole Polytechnique, publiée en 4828, l'idée serait d'abord venue à M. Lamblardie, directeur de l'école des Ponts-et- Chaussées; celui-ci Paurait communiquée à Monge, qui l'aurait donnée à Prieur,