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de travailler, firent de grands progrès. Piccini survint et établit avec Gluck une rivalité favorable à l’art. L’arrivée de Viotti en France, à cette époque, contribua beaucoup au progrès du violon ; la musique instrumentale prit un immense développement. De nouveaux Bouffons vinrent en France en 1779, et firent entendre les meilleurs ouvrages de Cimarosa, Guglielmi, Sarti, Paësiello.

Cherubini, Méhul, Berton, Lesueur, introduisirenl à l’Opéra-Comique une manière plus large et plus énergique dans leurs opéras des Deux Journées, Joseph, Montano, la Caverne, tandis que, dans des ouvrages d’un ordre moins élevé, ils marchaient sur les traces de Grétry qu’ils parvenaient à surpasser. Dalayrac produisit un nombre infini de ces petits ouvrages, et Della Maria, dans le Prisonnier, laissa en mourant si jeune encore, un chef-d’œuvre de chant gracieux. Nicolo se distingua parmi tous ces maîtres par la suavité de ses mélodies tout italiennes, et Boïeldieu, son égal, obtint plus qu’eux tous encore la faveur populaire. À l’Opéra, les auteurs qui suivirent Gluck obtinrent de grands succès sans le faire oublier ; Sacchini, entre autres, donna des ouvrages où l’on trouva d’admirables chants, pleins d’une expression noble et touchante ; son opéra d’Œdipe ne vieillira jamais. Spontini a donné au commencement de ce siècle deux chefs-d’œuvre : La Vestale et Fernand-Cortez.

Maintenant on distingue parmi les compositeurs qui travaillent pour l’Opéra-Comique, Auber, Halevi, Adam, Fétis, et Hérold dont la perte récente afflige tous les amis de l’art. Rossini, Meyer-Beer et Auber occupent exclusivement la scène du grand Opéra ; le premier a donné trois ouvrages qui seront en tous temps un objet d’admiration : Le siége de Corinthe, Moïse et Guillaume Tell. Parmi les opéras d’Auber, il faut distinguer la Muette de Portici, qui a joui d’un succès mérité. Meyer-Beer n’a encore composé pour l’Académie Royale de Musique qu’un ouvrage, Robert-le-Diable ; cette composition, d’un ordre supérieur, ne sera sans doute pas la seule de cet auteur que nous applaudirons sur la première scène lyrique de France. Nous ajouterons en terminant que ces diverses compositions, d’une exécution fort difficile, ont étendu le domaine de l’art en forçant de nouveau les symphonistes et les chanteurs à travailler. Car c’est ainsi que le progrès des exécutans et le progrès de la musique se sont toujours aidés l’un l’autre, au moyen de cette heureuse et continuelle réaction qu’exercent tour à tour la pratique et la théorie dans les développemens successifs de tous les arts et de toutes les sciences.




HAUTEUR DE QUELQUES MONUMENS REMARQUABLES.


Mètres. Pieds.
La plus haute des pyramides d’Égypte. 146 449
Le clocher de Strasbourg (le Munster) au-dessus du pavé 142 437
La tour de Saint-Étienne de Vienne, en Autriche. 158 424
Notre-Dame d’Anvers. 136 420
La coupole de Saint-Pierre de Rome (au-dessus de la place). 152 406
La tour de Saint-Michel à Hambourg. 150 400
Clocher neuf de la cathédrale de Chartres. 123 378
La tour de Saint-Pierre, à Hambourg. 119 366
Tour de la cathédrale de Malines. 113 348
Clocher vieux de la cathédrale de Chartres. 111 342
Saint-Paul de Londres. 110 338
Le dôme de Milan (au-dessus de la place). 109 335
La tour des Asinelli, à Boulogne. 107 329
La flèche des Invalides, à Paris (au-dessus du pavé). 105 323
La balustrade des tours de la cathédrale de Reims. 82 253
Le sommet du Panthéon (au-dessus du pavé). 79 243
La tour de Saint-Ouen de Rouen. 78 250
La mâture d’un vaisseau français de 120 canons, au-dessus de la quille. 73 222
La balustrade des tours de Notre-Dame de Paris. 66 203
Tour de la cathédrale de Troyes. 56 172
Colonne de la place Vendôme. 43 132




Du crédit particulier. — Les Égyptiens pouvaient emprunter de fortes sommes en déposant le cadavre de leur père entre les mains de leur créancier ; et ils se couvraient d’infamie s’ils ne retiraient pas au bout d’un certain temps ce gage vénéré. — Dans le moyen âge on a mis sa moustache en dépôt, et l’on a obtenu de l’or sur cette simple garantie. Honte jusqu’à la mort pour celui qui n’eût pas racheté sa moustache. — Aujourd’hui il suffit de donner sa signature, c’est-à-dire de tracer quelques signes bizarres, et l’on est tout aussi engagé que l’était autrefois l’Égyptien, l’homme du moyen âge. On peut mesurer par ces faits le pas immense qu’a accompli la confiance parmi les hommes. Combien les sentimens d’honneur n’ont-ils pas fait de progrès, puisqu’une simple signature, si chétive en comparaison d’un gage religieux tel que le cadavre d’un père, lie invinciblement d’un bout du monde à l’autre un homme à un autre homme !  !




MARINE.


CE QUE NOUS VOULONS FAIRE.


Dans le désir d’initier le public à une connaissance de la marine plus profonde que celle qui lui a été donnée par les romans, un ancien marin vient de publier trois volumes descriptifs, qu’il a eu l’art de faire lire aux gens du monde en mélangeant le langage du métier d’anecdotes intéressantes, et en produisant à l’appui d’une définition technique une scène maritime qui met en relief l’objet à faire connaître ; mais cet ouvrage, qui remplit une partie du but que nous nous proposons, n’est point à la portée des bourses maigres, et n’a point de gravures : or, c’est par ce dernier point surtout que nous comptons nous rendre utiles ; nos définitions seront en grande partie dans le dessin ; c’est lui qui répondra des lacunes du texte, et qui remplacera la lecture chez ceux que la lecture fatigue ; c’est lui qui mettra à la portée des petites bourses les choses que les descriptions ne sauraient rendre, ou dont l’explication demanderait trop de science.

DÉTAILS DU NAVIRE.

La gravure qui se trouve dans la page suivante représente une corvette, navire qui prend rang après la frégate, et n’en diffère guère que par les dimensions, qui a, comme elle, trois mâts et une batterie intérieure couverte.

Sur les bâtimens de guerre, on peint en blanc le pourtour extérieur de la batterie, tandis qu’on noircit les mantelets, espèce de volets qui ferment les embrasures des canons (ou sabords). Le long cordon blanc et noir qui en résulte forme la principale décoration de la coque du bâtiment ; c’est une ceinture mouchetée qui le serre à la taille, et lui donne une physionomie plus dégagée. Les corsaires changent souvent leurs bariolages pour n’être pas reconnus ; quelquefois ils peinturent différemment leurs deux côtés, afin de mieux donner le change aux croiseurs.

Le mât presque horizontal qui s’élance en avant est le beaupré ; dans le mauvais temps, lorsqu’on monte et qu’on descend de vague en vague il plonge à chaque instant dans