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— j’y serais allée pour Adrienne, répondit la maman ; car son père est occupé demain, et elle ne doit pas être privée de ce plaisir. Mais puisque tu veux bien l’y conduire, je resterai près d’Édouard. »

Pauvre Édouard ! un sanglot lui échappa, et il se jeta sur le sein de sa mère. Oh ! comme il la serra fort de ses deux bras ! Malheureux, puni, tandis que les autres le rejetaient impitoyablement pour ses fautes, elle était toujours là, elle, indulgente et bonne, l’avertissant du danger à temps ; mais quand il y tombait, pour ne l’avoir pas écoutée, ne songeant qu’à le relever et à panser ses blessures.

Sans doute Adrienne eut la même pensée, car en entendant les sanglots de son frère, elle se leva, émue, et vint, elle aussi, jeter les bras autour du cou de sa mère ; puis, embrassant Édouard, lui dit :

« Moi aussi, je resterai avec toi, et nous jouerons ensemble. »

Pour l’oncle, il fut mécontent.

« Édouard n’a que ce qu’il mérite, dit-il. Pourquoi le plaignez-vous ? »

Il engagea fort Adrienne à ne point se priver de la fête, et comme la petite persista dans sa résolution, il partit en disant :

« Je trouve que vous le gâtez beaucoup.

— Est-ce vrai, maman ? dit alors tout bas Édouard qui avait écouté avec attention ce colloque dont il faisait les frais. Est-ce vrai que vous me gâtez ?

— Non, répondit la maman, je ne le crois pas. Je ne le crois pas, précisément à cause de ce que dit ton oncle : parce que tu as ce que tu mérites, parce que la justice des choses te punit. Dès lors nous qui t’aimons, pourquoi ajouterions-nous à ta punition ? Pourquoi n’aurions-nous pas le droit de te plaindre et même de t’aider par notre affection à supporter cette épreuve. L’amour, et surtout l’amour maternel, n’est pas la sévère justice. Lui aussi doit guérir et non pas corrompre : mais il opère par d’autres moyens. Ce n’est plus le scalpel ou le fer rouge du châtiment, mais le baume qui pénètre, adoucit et vivifie, comme, après le soc de la charrue, la rosée pénètre et féconde la terre. »

Lucie B.

La suite prochainement.


LE CHEMIN GLISSANT

PAR P.-J.

STAHL ET

MARCO WOVCZOK

ILLUSTRATIONS PAR FROELICH

XII.

Jacques’ ne vit d’abord que l’affliction de la petite cousine, et l’air abattu et malheureux de son ami Henri. Il fit tous ses efforts pour les calmer, et tout en les questionnant sur ce qui avait pu les mettre dans un tel désespoir, il les conjurait

de prendre courage et leur demandait s’il ne pouvait pas leur être bon à quelque chose.

Les peines de Jacques ne furent pas perdues avec la petite cousine ; la tête appuyée sur l’épaule de son grand ami, elle