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POUR L’HONNEUR

pour filer. Aujourd’hui, il se sent menacé ; son renvoi lui paraît le précurseur d’autres mesures plus graves : il parc le coup. Gredin !

« — Alors, tu acceptes ses quatorze mille francs ?

« — Et sans aucun scrupule. »

« Je jugeai inutile de revoir Legonidec, n’ayant plus foi en lui. Et, le lendemain, j’appris qu’il venait de quitter Niort.

— Pour aller où ? s’informa Pierre.

— Je n’en sais rien ; personne n’en sait rien. Sur le moment, je n’ai point cherché à m’informer, satisfait que j’étais de ce dénouement ; depuis, j’ai bien souvent réfléchi à cette inconcevable aventure. Une inquiétude me revenait parfois. Lorsque je comparais le passé de cet homme avec l’action dont je le croyais coupable, je n’y découvrais aucune relation… C’est là ce qui me troublait.

— À juste titre, monsieur. »

Et, de nouveau, Pierre tendit à son interlocuteur la lettre d’Odule Saujon.

Le vieillard la prit cette fois, et, s’approchant d’une fenêtre, commença de la lire.

La surprise lui arracha un cri, à la révélation de ce qui avait eu lieu. « Ah ! mon pauvre Legonidec, murmura-t-il, tout en poursuivant sa lecture ; mon pauvre vieux camarade !… »

Des larmes inondaient son visage convulsé lorsqu’il revint à Pierre.

Lentement, hochant sa tête blanche, il prononça avec une expression de douleur :