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MONOGRAPHIES VÉGÉTALES

guéris radicalement, sans retour ni complications d’aucune sorte.

Autant de témoignages qui, est-il besoin de le dire, consacrèrent à jamais la gloire de notre incomparable légumineuse.


Le pois (Pisum), autre légumineux, n’eut pas chance pareille… Ne l’eut-il pas méritée cependant ?

Plante herbacée, grimpante le plus souvent, grâce à ses vrilles accrochantes, feuilles à stipules, fleurs papillonacées à ailes étendues, blanches et plus ou moins tachetées. Tel est son signalement.


Gousse de pois.
Le pois cultivé (Pisum sativum), connu de tout le monde, se subdivise en cinq races dont les variétés abondent et surabondent, au grand profit de notre cuisine qui en bénéficie de toutes façons. Pois sucré ou petit pois, pois Michaut, pois de Marly, pois géant, pois à gros fruit, pois sans parchemin, pois goulu, pois mange-tout (ainsi nommé parce qu’on le mange tout entier avec sa gousse), pois cassé, pois de Clamart… Nous n’en finirions pas si nous voulions nommer tous les pois.

Le pois des champs, à graine grise, est cultivé en grand et sert surtout à la nourriture des pigeons et volailles diverses ; le pois chiche, à fleurs violettes, sert d’aliment aux populations qui habitent le long des côtes de la Méditerranée. Quant au pois de senteur, dont l’odeur est délicate, ce n’est autre chose que la gesse odorante, espèce du genre Lathyrus.

Le pois n’a pas à rougir devant la lentille, car il est d’origine non moins antique et illustre, et n’eût-il à son actif que le rôle éminent qu’il joue dans ces délicieux ragoûts sur lesquels on étale ces fameux canetons de Rouen dont la réputation n’est plus à faire, que sa gloire serait à jamais incontestée.


La fève (Faba), autre légumineuse, se distingue par des qualités
Gousse.
spéciales, mais qui n’ont pu lui faire une réputation semblable à celle des rivales dont nous venons de signaler le mérite et la gloire. Elle est cependant saine et nourrissante, elle aussi, et sert à la confection d’excellentes soupes fort appréciées par les campagnards. Toutefois, elle n’a pas un goût aristocratique, il faut bien en convenir. Elle est de physionomie un peu commune et fait un bouillon gris qui ne flatte pas l’œil. Jolie plante cependant, avec ses feuilles ailées et ses fleurs blanches tachetées de noir qui exhalent, au printemps, une fine et délicieuse odeur que peuvent seules apprécier les narines délicates.


Fève.
Parmi les nombreuses variétés de cette légumineuse un peu trop dédaignée, on ne cite guère que la fève des marais, dont les semences sont plus grosses et plus savoureuses.

Dans le midi de la France, où elles sont de beaucoup meilleures qu’aux environs de Paris, on les mange vertes, à la croque au sel, avec beurre concomitant, et je puis vous affirmer que c’est chose délicieuse.

Les taches d’un beau noir velouté qui décorent les ailes de la corolle étaient, dans l’antiquité, l’objet d’un préjugé passablement ridicule. Les flamines ou prêtres de Jupiter, eux-