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LA GRANDE FORÊT — La conception d’un être suprême, en un mot, la religiosité qui se retrouve chez les plus sauvages tribus. Je n’ai pas vu qu’ils adorassent des divinités... Ni idoles ni prêtres... — A moins, répondit Max Iluber, que leur divinité ne soit précisément ce roi Mselo-TalaTala dont ils ne nous laissent pas voir le bout du nez... » C’eût été le cas, sans doute, de tenter une expérience con­ cluante : ces primitifs résis­ taient-ils à l’action toxique de l’atropine, à laquelle l’homme succombe alors que les ani­ maux la supportent impuné­ ment ?... Si oui, c’étaient des humains, si non, c’étaient des bêtes. Mais l’expérience ne pouvait être faite, faute de la­ dite substance. 11 faut ajouter, en outre, que, depuis l’arrivée de John Cort et de Max Huber à Ngala, il ne s’était produit aucun décès. La question était donc indécise de savoir si les Wagddis brûlaient ou enter­ raient leurs décédés, et s’ils avaient le culte des morts. Toutefois, si des prêtres, ou même des sorciers ne se ren­ contraient pas, au milieu de cette peuplade wagddienne, on y voyait un certain nombre de guerriers, armés d’arcs, de sagaies, d’épieux, de hachettes, — une cen­ taine environ, choisis parmi les plus vigoureux et les mieux bâtis. Étaient-ils uniquement préposés à la garde du roi, ou s’employaientils soit à la défensive soit à l’offensive ?... 11 se pouvait que la grande forêt renfermât d’autres villages de même nature, et si ces ha­ bitants s’y comptaient par milliers, pourquoi n’eussent-ils pas fait la guerre à leurs sem­ blables comme la font les tribus de l’Afrique ? Quant à l’hypothèse que les Wagddis eussent déjà pris contact avec les indigènes de l’Oubanghi, du Baghirmi ou du Soudan, ou avec

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les Congolais, elle était peu admissible, ni même avec ces tribus de nains, les Bambusti que le missionnaire anglais Albert Lloyd ren­ contra dans les forêts de l’Afrique centrale,

industrieux cultivateurs, dont Stanlcy a parlé dans le récit de son dernier voyage. Si le contact avait eu lieu, l’existence de ces syl­ vestres se fût révélée depuis longtemps, et il n’aurait pas été réservé à John Cort et à Max Huber de la découvrir. « Mais, reprit ce dernier, si les Wagddis s’entre-tuent, voilà, mon cher John, qui per­ mettrait de les classer infailliblement parmi l’espèce humaine. » Du reste, il était assez probable que les guerriers wagddiens ne s’abandonnaient pas à l’oisiveté et qu’ils organisaient des razzias