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DANS LE SUD ORANAIS

sable, à peine perceptible fumée, oh ! alors, gare ! le siroco va souffler. Pas banale, n’est-ce pas, la dune-baromètre ?

Quel est l’avenir d’Aïn-Sefra ?

Lorsque, après une nouvelle expansion, la ligne de défense du pays conquis se reporte plus avant, les postes qui la déterminaient se modifient alors, selon les progrès réalisés par la colonisation et selon les ressources qu’elle y a trouvées. Tantôt ils deviennent des villes florissantes, comme Mascara, Tiaret, Saïda et d’autres ; tantôt ils déchoient et même disparaissent.
La dune d’Aïn-Sefra.

De ces deux sortes de destinées, laquelle sera celle d’Aïn-Sefra ?

Bien que les ressources de la colonisation y restent pour ainsi dire nulles ; bien qu’aujourd’hui une sérieuse poussée se soit faite vers notre hinterland algérien, par la conquête des oasis sahariennes ; bien que, enfin, le prolongement de la voie ferrée, réalisé jusqu’à Djenien-bou-Rezg, en cours d’exécution jusqu’à Duveyrier, c’est-à-dire sur le point de s’achever sur une longueur d’environ cent kilomètres plus au Sud, semble devoir reporter l’importance d’Aïn-Sefra sur les nouvelles têtes de ligne ; malgré toutes ces raisons, dis-je, il ne paraît pas probable que, dans l’avenir, Aïn-Sefra périclite.

D’abord sa situation géographique, à côté de Figuig et du Maroc, ne nous permettra jamais de l’abandonner. En outre, le succès de la mission Foureau-Lamy, qui vient de rentrer après avoir traversé l’Afrique, de Biskra au lac Tchad, donnera forcément un regain d’actualité à la question des relations directes entre l’Algérie et le Soudan, c’est-à-dire au Transsaharien. On connaît, à la vérité, deux routes, ou du moins deux amorces de route, pour se rendre au Soudan. L’une, à l’Est, par l’oued Igharghar, que suivit autrefois le colonel Flatters, et que reprit l’explorateur Foureau ; la seconde, à l’Ouest, qui, partant d’Aïn-Sefra, rejoint l’oued Saoura. Toutes deux aboutissent au Tidikelt. Mais si la route de l’Est s’étend déserte, inhabitée, sans eau, impraticable presque, celle de l’ouest, au contraire, offre, à partir d’Igli, un chapelet d’oasis échelonnées le long de l’oued Saoura, dans le lit même de cette rivière à cours souterrain, qui fournit abondamment de l’eau.

Probablement donc on se décidera pour l’adoption de la seconde, en faveur de laquelle milite une autre raison capitale : la longueur de la voie ferrée dans la province d’Oran. Tandis qu’en effet la ligne de pénétration ne dépasse pas Biskra ou Berrouaghia, dans les départements de Constantine et d’Alger, la voici, dans l’Oranie, sur le point d’atteindre le poste de Duveyrier-Zoubia, situé à plus de cent lieues de la côte. C’est à coup sûr celle qui demanderait le moins de travaux pour son complet achèvement, partant le moins de dépense. Et si, comme il est probable, on finit par l’adopter, Aïn-Sefra verra son rôle de point d’appui militaire et de « Biscuitville » grandir considérablement.