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ÉD. GRIMARD

MONOGRAPHIES VÉGÉTALES


LÉGUMINEUSES ET SOLANÉES (Suite.)


Le dattier, nous l’avons dit, est originaire de l’Orient ; mais il est spécialement cultivé dans la région de l’Afrique septentrionale appelée Biléduldjérid qui, en arabe, signifie « pays des dattes ». Là, il forme de véritables forêts, et il serait difficile d’en décrire la magnificence, alors que, sous les vertes ogives, fleurit tout un peuple de citronniers, d’orangers et de grenadiers dont les fleurs, comme autant de cassolettes, exhalent leurs multiples parfums, sous la voûte du plus beau des temples qu’enveloppe un ciel d’azur et que dore un soleil flamboyant.

Les anciens avaient classé par catégories plusieurs espèces de dattes, parmi lesquelles celles de Jéricho occupaient le premier rang. Ces fruits précieux sont employés de mille manières. Frais, ils sont succulents et sucrés et fournissent, quand on les soumet à une forte pression, une sorte de sirop appelé « miel de dattes » dont les usages sont nombreux. On tire encore de ces mêmes fruits du vin, de l’alcool, et une sorte de farine dont s’approvisionnent les voyageurs du désert. Sèches, les dattes servent à la préparation de tisanes pectorales.

Quand les dattiers sont vieux et qu’ils ne portent plus de fruits, ils ne cessent pas encore d’être utiles. Les cultivateurs indigènes les effeuillent, font des entailles au sommet du stipe et y suspendent des vases où découle un liquide appelé « vin de palme » qui fournit une agréable boisson. Le bois du dattier est mou, mais ses feuilles sont employées de diverses façons. On en fait des paniers, des tapis, et leurs fibres servent à la confection de tissus et de cordages ; tous les débris de l’arbre enfin servent de combustible.

Les sagoutiers ou sagouiers, comme il vous plaira, sont des palmiers qui produisent le sagou. Dans l’Inde, on les appelle sagu et c’est évidemment de là que vient la dénomination générale de la famille. On n’en connaît que peu d’espèces et toutes à peu près habitant les régions les plus chaudes de l’Afrique et de l’Asie. Ce sont des arbres de cinq à six mètres de hauteur, aux feuilles nombreuses, larges et pendantes, aux fruits ovoïdes luisants et renfermant une graine ovale. Mais ce n’est pas de la graine que vient le sagou. Cette substance est tirée de la moelle du stipe de ces palmiers. Les procédés employés pour l’extraction de cette matière médullaire paraissent varier selon les pays.

Les sagoutiers sont généralement coupés par tronçons, puis fendus et la moelle que l’on en retire est amenée, par diverses préparations de trituration et de lavage, à livrer la fécule qu’elle contient. Cette fécule granulée et de couleur rousse se dissout dans le lait et le bouillon et forme une sorte de gelée très nourrissante, de digestion facile et très avantageuse dans les convalescences, pour les enfants et les vieillards. Il s’en fait une très grande consommation dans l’Inde, où elle joue le même rôle que la fécule de pomme de terre en Europe. Les fruits fournissent par la distillation une liqueur vineuse très agréable, mousseuse, pétillante et une eau-de-vie très enivrante. Aux îles Moluques et ailleurs, on confectionne avec la pâte du sagou une espèce de pain mollet. Cette même pâte mélangée avec du jus de poisson, du suc de limon et quelques aromates constitue un pudding très nourrissant. Il y a des sagoutiers qui fournissent une sorte de crin végétal et les feuilles de toutes les espèces servent aux indigènes pour recouvrir leurs cabanes.

Un autre palmier superbe est le cocotier. Sa tige lisse, mais marquée de cicatrices annulaires, s’élève jusqu’à une hauteur de