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LA GRANDE FORÊT Max Huber et Khamis n’hésitèrent pas à les accepter : 1° Des explorateurs ou des voyageurs non indigènes avaient atteint cette clairière, après s’ètre embarqués soit au-dessus, soit au-des­ sous de la lisière de la grande foret ; 2° Lesdits explorateurs ou voyageurs, pour une raison ou pour une autre, avaient laissé là leur radeau, afin, sans doute, d’aller reconnaître cette por­ tion de la forêt située sur la rive gauche. Dans tous les cas, aucun d’eux n’avait jamais reparu. Ni John Cort ni Max Huber, depuis qu’ils habitaient le Congo, ne se souvenaient qu’il eût été question d’une exploration de ce genre. Si ce n’était pas là de l’extra­ ordinaire, c’était tout au moins de l’inattendu, et Max Huber devrait renoncer à l’honneur d’avoir été le premier visiteur de la grande forêt, considérée à tort comme impénétrable. Cependant, très indifférent à cette question de priorité, Khamis examinait avec soin les madriers et les planches du radeau. Les premiers se trou­ vaient en assez bon état, les secondes avaient souffert da­ vantage des intempéries et trois ou quatre seraient à remplacer. Mais, enfin, construire de toutes pièces un nouvel appareil, cela devenait inutile. Quelques réparations suffiraient. Le foreloper et scs compagnons, non moins satisfaits que surpris, possédaient le véhicule flottant qui leur per­ mettrait de gagner à travers la forêt le confluent du rio avec l’Oubanghi. Tandis que le foreloper s’occupait de la sorte, les deux amis échangeaient leurs idées au sujet de cet incident : « Il n’y a pas d’erreur, répétait John Cort ;

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des blancs ont déjà reconnu la partie supé­ rieure de ce cours d’eau, — des blancs, ce n’est pas douteux... Que ce radeau, fait de pièces grossières, eût pu être l’œuvre des indigènes, soit !... Mais il y a le cadenas...

— Le cadenas révélateur... sans compter les autres objets que nous ramasserons peutêtre encore... observa Max Huber. — Encore... Max ?... — Continuons nos investigations, John, jus­ qu’au tournant de la rivière. Il est possible que nous retrouvions les vestiges d’un cam­ pement, dont il n’y a pas trace en cet endroit, car il ne faut pas regarder comme tel la grotte où nous avons passé la nuit. Elle ne paraît point avoir déjà servi de lieu de halte, et je ne doute pas que nous n’ayons