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ANDRÉ LAURIE

L’instant d’après le cerf-volant décroché par Raybaud vint s’abattre à leurs pieds. Lorsque le vieux marin arriva à son tour au bas de l’arbre, il trouva les deux amis en train de le reployer pour le replacer dans l’étui de bambou. Irène, qu’ils affectaient de ne pas voir, les regardait en silence.

« Merci, Raybaud, dit Jacques, vous nous avez rendu un fameux service.

Certainement, reprit Philippe, je ne comprends pas comment cela se fait, moi qui ne crains rien, j’hésitais un peu à descendre ! »

Le vieux marin se mit à rire :

« Non, non, vous n’hésitiez pas, vous restiez bel et bien sur votre perchoir !… À votre âge, lorsque le vent soufflait en tempête et que notre navire roulait comme une coquille de noix, je montais sans sourciller en haut du grand mât et personne ne venait m’y chercher… Mais, vraiment, c’est Mlle Irène qui vous a rendu service : J’achevais de fumer ma pipe avant d’entrer sous bois où les étincelles sont si dangereuses ; sans elle je ne vous aurais pas trouvés et nous serions loin maintenant. »

Les deux garçons se regardèrent d’un air contraint, il était clair que ni l’un ni l’autre ne voulait remercier la fillette :

« Bah ! fit Jacques, d’un ton léger, c’est vous qui êtes monté dans le châtaignier, je ne connais que ça, moi !… Au revoir père Raybaud, bonne promenade ! »

Il jeta un coup d’œil d’intelligence à son camarade et tous deux s’éloignèrent lestement.

A. Mouans.

(La suite prochainement.)


LES CHERCHEURS D’OR DE L’AFRIQUE AUSTRALE

COLETTE EN RHODESIA
(La guerre au Transvaal)
Par ANDRÉ LAURIE


IV

La poudre parle.


Lord Fairfield avait été vivement frappé de la lueur que le passage d’Agrippa Mauvilain venait de jeter, dans son esprit, sur les véritables intentions des Boers. Convaincu jusqu’alors que les fermiers du Transvaal, de l’Orange et de la Rhodesia n’oseraient jamais engager la lutte contre la Grande-Bretagne et attendraient, en tout cas, que celle-ci fut venue les attaquer chez eux, — il ouvrait subitement les yeux à la réalité et voyait le mouvement de résistance se dessiner, s’affirmer par des signes évidents, avant même que les troupes anglaises destinées à l’étouffer eussent quitté les garnisons du Royaume-Uni.

Cette notion nouvelle lui fit souhaiter d’abréger son séjour à Massey-Dorp et de se rendre au plus vite à Kimberley, par Boulouwayo, afin de faire part aux chefs de l’occupation anglaise des indices qu’il venait de recueillir.

Dès le lendemain, il s’en ouvrit à ses hôtes. Ceux-ci n’eurent point de peine à entrer dans ses vues, et, comme il était invraisemblable que la guerre, si elle éclatait réellement, put jamais s’étendre jusqu’au nord du Zambèze. M. Massey et Gérard arrêtèrent leurs dispositions pour accompagner lady Théodora, son mari et son frère jusqu’à la capitale des diamants.

De son côté, Brandevin voulut être du voyage. Le docteur Lhomond aurait volon--