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sacre, au danger de sa vie, l’alla chercher par Paris pour le sauver et luy donner moyen de se retirer en Allemaigne ; quoy faisant fut saisy du peuple par les rues, mené prisonnier à la Magdeleine, et de là retiré Monsr de Morvillier, premier conseiller d’Estat, non sans grand peur. Comme il entendit que monsieur du Plessis estoit sorty de la ville, ne sachant quel chemin il auroit peu prendre, et touteffois qu’en quelque lieu que ce fust, ce ne pourroit estre sans besoing de ses amys, escrivit en Allemaigne, Angleterre et ailleurs à ses amys es bonnes villes qu’on luy délivrast argent en son nom, telle somme qu’il demanderoit, dont touteffois par la grâce de Dieu, il ne s’ayda point. L’autre fut messire François de Walsingham, lors ambassadeur pour la Royne d’Angleterre en France, et depuis lors secrétaire d’estat, lequel de son propre mouvement dépescha ung Courier exprès avec lettres à la Royne sa maîtresse et à tous les plus notables Seigneurs du conseil d’Angleterre, par lesquelles il le recommandoit comme personne de laquelle ilz pouvoient prendre toute confiance, en quelque affaire que ce fust ; recommandation non vulgaire alors pour la réputation de mauvaise foy que le massacre avoit donné aux François ; et mesmes vu son âage, n’estant lors Monsr du Plessis âagé de vingt troys ans. De là en avant, il passa les misères communes en Angleterre sur les livres, et fit quelques remonstrances à la Royne tant en latin qu’en François, l’exortant à la manutention de l’Eglize, lesquelles se lisent encor en diverses mains, et quelques apologies des calomnies qu’on mettoit à sus à ceux de la Religion réformée de France ; mesmes