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congnoissant par icelluy que c’estoit l’ordinaire que les Roys et Princes se banderoient contre Dieu et contre Jésus Christ, son Roi bien aymé. Lors, il se rézolut de quitter la messe et les abus, et faire profession de la vérité ; et n’abandonna pas touteffois la court, et souvent luy et quelques autres zélés faisoient faire le presche en la chambre de la Royne, mère du Roy, pendant son disner, estant aydés à ce faire par ses femmes de chambre qui estoient de la Religion. Durant ce temps, feu M. de Feuquères fut employé à l’entreprise d’Amboise[1], touteffois sy secrètement et dextrement qu’il n’en fut que soupçonné et n’en peut estre appréhendé. Ung homme d’affaires estant prisonnier pour ce fait, la vie luy fut donnée par feu monsr de Guise, à la charge que, habillé en prestre et entrant à la salle, chambre et antichambre du Roy et de la Royne, mère du Roy, il descouvriroit ceux qui estoient de la ditte entreprise ; et de vray en accusa plusieurs qui furent prins et en paine, et ne peut jamais nommer monsr de Feuquères, encores qu’il le çongneust, Dieu luy en ostant tousjours le moyen, ce qu’il luy conta depuis plusieurs foys. Il estoit à Orléans quand feu monseigneur le Prince[2] fut prins prisonnier, et recongneut que le Roy son maistre le regardoit de mauvais œuil, et fut aussy adverty par ses anges de se retirer. Lors il s’en alla trouver monsr l’Amiral à Chastillon, qui estoit sur son parlement pour venir à Orléans se justifier, luy présenta de luy

  1. Contre MM. de Guise.
  2. Le Prince de Condé fut fait prisonnier aux États d’Orléans, ainsi que son frère le Roy de Navarre. Ils étaient accusés d’avoir pris part à l’entreprise d’Amboise contre MM. de Guise.