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et ne fut plus eslongné de toute espèce de desbauche pour ne scandalizer ses compagnons et amys qui le congnoissoient de la religion. Il eust amityé estant à Padoue, avec monsr Calignon[1], lors encor envellopé es abuz de la papauté, encor qu’il en eut quelque congnoissance. Leur conversation se passoit en discours de la religion pour l’y encourager et esclaircir, et depuis iceluy a beaucoup travaillé pour les Eglizes, noméement pour celles de Dauphiné, comme c’est à la vérité ung personnaige doué de plusieurs rares et bonnes qualitez[2]. Il fut prest à partir de Venize pour aller en Levant, mais il ne passa la côte d’Istrie et Dalmatie, estant survenu la guerre de Cypre qui ostoit la liberté aux chrestiens de hanter le Levant.

L’an 71, il partit de Venize pour faire ung tour par toute l’Italie, costoyant la mer Adriatique, et retournât par la coste de Thoscane jusqu’à Gennes, et recherchant de lieu en lieu le dedans des terres affin que rien ne luy eschappast à voir en tout le païs. Pour s’en mieux esclaircir, il avoit recherché et leu, tandis qu’il estoit de séjour, les plus notables Histoires tant generalles que particulières de l’Italie et de tous les Estatz, Principautés et Républiques d’icelle, remarquant non seulement, comme la plus part, les antiquités des lieux, mais surtout les mutations y survenues, les fondations, naissances, progrès, ac-

  1. Soffrey de Calignon, né en 1530 et devenu protestant, fut chancelier de la maison de Navarre, et travailla avec M. de Thou à l’édit de Nantes.
  2. « M. du Plessis fut prest… » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale et édition de M. Auguis.)