Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bert Languet, Bourguignon de nation, homme très congneu en nostre temps pour la piété, doctrine et vertu, et pour avoir esté employé en ambassades grandes et honorables vers la plupart des Princes de la chrestienté ; il receut beaucoup de bonnes instructions de luy, pour la conduite de ses voyages. Ceste amityé commencée lors a continué entre eux deux jusques à l’heure dernière de feu monsieur Languet, lequel à sa fin parloit de luy de telle affection qu’ung bon Père peut parler d’ung enfant unique ; et les derniers propos qu’il me tint furent qu’il n’y avoit homme au monde qu’il eust tant aymé et duquel il eust plus honoré la vertu que de monsieur du Plessis, et qu’il se sentiroit trop content sy je luy promettois de le prier (car il estoit absent) en son nom, que le premier escrit qu’il mettroit en lumière, il feist mention qu’ilz eussent esté amys, et qu’il le tiendroit à honneur. C’est ce qui a incliné monsieur du Plessis d’adjouster une petite épistre à la translation latine de son livre de la vérité de la religion chrestienne, où il fait digne mention du dit sr Languet. Ayant esté à ceste foire de Francfort, il partit et print son chemin par les Suisses et Grisons pour aller en Italie, où pour l’adresse qu’il avoit du dit sr Languet, il connut monsr de Foix, ambassadeur pour le Roy vers la Seigneurie de Venize, auquel quelque temps après succéda monsieur du Ferrier ; les deux l’aymèrent fort, et dure encore ceste amytié ; et combien que la guerre fust en France pour la religion, et qu’il en feist ouverte profession, sy n’estoient ilz tant familiers à Françoys aucun que à luy. Son premier séjour fut à Padoue