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« Mon amy, le diocèse d’Evreux a gaigné celuy de Saumur, et la douceur dont on y a procédé a esté occasion à quelque Huguenot que ce soit de dire que rien y ait eu force que la vérité. Le porteur y étoit qui vous contera comme j’y ay fait merveilles. Certes, c’est un des grands coups pour l’Eglize de Dieu qui se soit faict il y a long temps. Suyvant ces erres, nous ramènerons plus de séparés en l’Eglize en ung an que par une autre voye en cinquante ; il a ouy les discours d’un chacun qui seroient trop longz à discourir par escript ; il vous dira la façon que je suis d’advis que mes serviteurs tiennent pour tirer fruict de ceste œuvre. Bon soir, mon amy. Scachant le plaisir que vous en aurés, vous estes le seul à qui je l’ay mandé. Le sixième May, à Fontainebleau. Signé Henry, et au dessus, « à mon cousin le duc d’Espernon. »

Laquelle il envoya partout et tost fut veue dedans et dehors le Royaume et imprimée jusques à Prague, et à autre des seigneurs n’en fut rien escript. Cette façon et ce stile fut trouvé estranges parceque chacun connoissoit le peu d’amityé que le Roy luy portoit ; mais en faisoit son profit, surtout avec ceux du clergé, dont aussy le Roy peu après se repentit, sur ce qu’on luy fit connoistre que c’estoit donner lieu à cest homme par dessus tous les catholiques de son royaume, puis qu’entre tous il l’avoit choisy seul. Fut noté aussy qu’en ceste lettre S. M. usoit de ces motz (j’y ay fait merveilles,) lesquelz depuis quelques uns voulurent changer, en quelques exemplaires, en ceux cy, ( il s’y est faict merveilles, ) parce que S. M. déclaroit trop qu’il y avoit esté partie ; mais