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C’estoit ce qu’il pouvoit faire pour les siens, selon le peu de crédit qu’il trouvoit en court pour soy mesme, où il se peut dire que le Roy, pendant tout son séjour, ne l’employa en aucune affaire, encor qu’il s’en présentast des occasions assés ; jusques là qu’il fut trouvé estrange par les plus grandz, mesme de religion contraire, qu’il ne fust nommé entre ceux qui avoient à négotier avec monsr de Savoye[1], lors venu en court pour le différend du marquisat de Saluces ; mais la présence du Nonce et du Patriarche, qui de fois à autre faisoient instance de la part du Pape contre luy, donnoient subject au Roy de l’en reculer, lequel plus favorablement luy eust peu commander de se retirer pour un temps, et à ceste fin recommander l’expédition de ses affaires qui consistoient en assignation de deniers par luy avancez pour le service de S. M. dont il apparaissoit par les arretz de la Chambre des comptes de Paris ; son seul exercise donq estoit d’assister au conseil, lors principalement qu’il estoit question des différendz provenant de l’édict de la Religion et exécution d’iceluy, lesquelz la plus part du temps, peu d’autres appelez, monsieur le chancelier terminoit avec luy. Le surplus, il le donnoit à noz affaires domestiques, esquelz la dureté de M. de Rosny, égale vers les choses justes et injustes, le chagrinoient fort, encor qu’il sembloit la devoir amollir envers luy duquel il avoit

  1. Le marquisat de Saluces avait été enlevé à la France en 1588 ; Henry IV le réclamait, et le 27 février 1600, le duc Charles-Emmanuel signa l’engagement de rendre ce marquisat ou de céder d’autres territoires avant trois mois.