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tant quelquefois chez monsieur de Longueville, il se vantoit, en la présence de madame la marquise de Rothelin, sa mère, qui faisoit profession de nostre religion, de convaincre en dispute les plus savantz ministres. Cela la feit enquérir s’il ne se trouveroit point quelque escholier de cette qualité et aâge qui feist profession de nostre religion, affin de les faire entrer en conférence. L’on luy nomma monsieur du Plessis qu’elle envoya quérir, et luy feit entendre son affection ; et comme il entendit que c’estoit pour disputer avec le dit sieur, il luy déclara qu’ilz estoient parens, mais puisque c’estoit pour la religion, qu’il n’y avoit parenté qui l’en détournast, veu mesmes que ce n’estoit que pour conférer amiablement. Elle donc les feit assembler chez elle à l’hostel de Rothelin, près des Enfans rouges, et s’y trouva avec elle monsieur de Longueville, son fils le marquis de Rothelin, monsieur le comte de Rochefort, monsieur d’Entragues, et plusieurs autres ; on commença sur le Purgatoire sur lequel les jours précédens le propos s’estoit meu, et après quelques argumens de part et d’autre, monsieur le conte de Rochefort interrompit la dispute, ne prenant plaisir qu’elle tirast plus avant sur ce point. Mais bien qu’il falloit voir qui avoit le mieux estudié des deux, l’on feit aporter des livres en hébreu, en grec, puis ès mathématiques, et confessa monsieur de Menneville n’y avoir pas estudié si avant que monsieur du Plessis. Puis l’on leur apporta le Timée de Platon sur lequel la nuit sépara la conférence, et depuy monsieur de Menneville luy porta toujours quelque émulation.

L’an 1567, ung peu devant les troubles Saint-De-