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Et ne faut oublier que le jugement cy dessus ayant esté exécuté de point en point, Sa Majesté fit la remonstrance au dit St Phal en ces termes :

« Qu’il devoit avoir eu honte de se prendre à un vieux chevalier, un jeune homme sans expérience à un gentilhomme qui s’estoit trouvé avec des marques signallées en plusieurs combatz et en quatre batailles, qui avoit bien mérité de son service et ayant des premiers commandemens en la province, qui luy avoit néantmoins présenté les voyes d’honneur, qu’il pardonnoit à sa jeunesse et à la supplication de monsieur du Plessis, et que, sy à luy ou à un autre avenoit un pareil cas, qu’il en feroit désormais punition exemplaire. »

Et par ce que cest attentat avoit esclaté loin, tant dedans que dehors le Royaume, envoya M. du Plessis copie de la satisfaction à tous ses amys, particulièrement à messieurs les députez de Chastellerault, Tous les ambassadeurs aussy la voulurent avoir, et en eut peu après congratulations de toutes partz. Et est à remarquer que ceste satisfaction est signée de monsieur le connestable et de tous les mareschaux de France qui y assistèrent, mais particulièrement du mareschal de Brissac, beau frère du dit St Phal, qui depuis fit tout ce qu’il put pour raccoster monsieur du Plessis. En ce dernier acte, reconnoist M. du Plessis avoir receu beaucoup d’assistance de monsieur de la Force, se tient aussy fort obligé à M. le mareschal d’Ornano, lequel touteffois il avoit peu pratiqué, pour y avoir fort vertueusement parlé pour la justice de sa cause. Mais monseigneur le connestable et monsieur le mareschal de Bouillon y