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duquel la bonne volonté ne s’alliénnoit point, mais de ceux qui l’assistoient et de ses courtz qui ne mesuroient noz conditions à notre justice, mais à leur nécessité. Monsieur du Plessis estoit allé rencontrer S. M. près de Blois, où aussy tost Elle parla de l’accorder avec M. le Duc d’Espernon, procédant la querelle de ce que, quelques années paravant, passant à Saumur avec trois mille hommes de pied et quattre ou cinq cens chevaux, il ne luy avoit accordé le passage qu’à telles conditions qu’il n’en pouvoit abuser ; se plaignant le dit sr d’Espernon qu’il avoit monstre se déffier de luy et en vouloit scavoir la raison. Le Roy, averty de ce, luy dit franchement que M. du Plessis avoit faict ce qu’il devoit, et estoit concerté que M. du Plessis l’iroit voir, et que sans parler du passé, il luy feroit bonne chère ; ce que M. du Plessis ne voulut consentir, mais bien de l’aller voir quand ilz seroient amys ; et, sur ce qu’on luy allégoit la qualité de Pair de France, respondit qu’il n’avoit tenu et ne tenoit qu’au Roy qu’il ne fist autant pour ses services que le feu Roy avoit faict par sa faveur ; ainsy ne se peut faire cest accord à Tours, et d’ailleurs ne le voulut le dit sr duc à Saumur, pour estre le lieu où il prétendoit avoir esté offensé. Ce fut donq à Angers où S. M., ayant déclaré que, le tout entendu, il n’y trouvoit rien qui les empeschât d’estre amys, leur commanda de s’embrasser. M. d’Espernon dit à M. du Plessis qu’il avoit esté fort amy de son frère et avoit désiré estre le sien ; monsieur du Plessis luy respondit que l’honorant de son amityé, il luy feroit service ; le dit sr d’Espernon répartit encore avec paroles fort gra-