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commandez par les sieurs de Jonquères, de Nesde et de Boisguérin ses amys, et nombre de noblesse qui s’offrait à luy, messieurs les ducz de Bouillon et de la Trémouille ne demandoient pas mieux que de luy assister. Artillerie et munitions ne luy manquoient point, et le pouvoit investir en sa maison de Beaupreau, pour s’en faire telle justice que bon luy eust semblé. Une considération le retint, qu’il voyoit beaucoup d’humeurs esmeues entre ceux d’une et d’autre religion, à l’occasion particulièrement de l’assemblée de Chastellerault, que, quand on le verroit en campagne, assisté de tous les principaux du mesme party, ceux de contraire religion croiroient ou feroient semblant de croire que ce seroit un remuement général contre lequel ilz s’armeroient, et dont l’estat à son occasion pourroit estre troublé et ne se rasseureroit pas quand il le voudroit. Luy pesoit aussy d’avoir à mener et tenir des forces aux champs, qui mangeassent le peuple pour son subject ; bien consentit il à notre filz d’entreprendre par pétard ou escalade sur la maison de St Phal, en tirant serment, de luy et des capitaines qui l’assistoient, de ne le tuer point, ains de le luy amener prisonnier, en tant que faire se pourroit ; mais le dit de St Phal eut advis de Saumur à temps pour s’en retirer, parceque, pour cacher son dessein, il estoit contrainct de prendre un grand tour. Et n’eut pas beaucoup à deviner qui avoit donné ledit advis.

Le bon succez du Roy devant Amiens avoit affermi l’Estat, évidemment incliné non tant à ruyne par les ennemys qu’à trouble par les espritz désireux de nouveautés, qui n’attendoient que ce nau-