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muemens par luy pratiquez ès principales villes de ce Royaume, Paris, Rouen, Rheims et autres. Et fut iceluy mené à Paris et condemné à la roue. En conséquence de ce fut pris aussy un advocat nommé Carpentier, exécuté de mesmes, et les lettres que M. de Mercœur lui escrivoit par lesquelles il protestoit n’avoir traicté paix ny tresve qu’en attendant l’armée que le Roy d’Hespagne lui promettoit dans le mois de Juillet, déclaroit en termes propres n’avoir rien tant à cœur que la ruine du Roy et du Royaume de France, et de testifier par tous services sa dévotion au Roy d’Hespagne et au dit cardinal. Plusieurs autres menées furent par mesme moyen descouvertes, lesquelles on ayma mieux estouffer que presser, par l’importance des personnes qu’elles enveloppoient ; et, escrivit M. Rapin, grand prévost de la connestablie à monsieur du Plessis que ce procès leur avoit donné beaucoup de connaissance mais encore laissé plus d’horreur, et qu’il n’avoit presques osé en descouvrir le fondz au Roy, pour la pesanteur tant des choses que des personnes qui y trempoient. Monsieur de Mercœur avoit demandé ce prisonnier à monsieur du Plessis avec paroles hautaines, cas qu’il en mésadvint, et quelques uns s’en esmouvoient, il luy respondit simplement qu’il ne s’estoit point advoué de Luy et qu’il en avoit averty le Roy duquel il en attendoit la volonté.

Et parceque, sur la rupture de la négociation de Bretagne, sy long temps démenée, la calomnie n’avoit que trop d’argument de s’exercer, comme s’il n’eust tenu qu’au Roy ou aux siens que l’yssue n’en eust été meilleure, messieurs de Schomberg et de