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comme il fit, et qu’il lui seroit délivré argent pour ce faire ; M. de Schomberg et monsieur du Plessis avoient fort supplié S. M. de se vaincre en parlant à luy, ce qu’Elle fit ; mais le grief du dit seigneur conte estoit que S. M. se deffioit de luy, et à ceste occasion ne l’avanceoit point aux charges. S. M. disoit en avoir subject qu’il luy feroit connoistre ; le dit seigneur l’en supplia, et lui promit S. M. de luy présenter personnes qui parleroient devant luy en son premier séjour de Troyes. Le mal fut que M. le conte retardé par la fièvre n’arriva à Troyes que la veille que le Roy en partit pour aller secourir Dijon[1] et M. le mareschal de Biron avec son armée, qui y estoit à trois heures près d’un extrême danger, tellement que S. M. ne luy peut donner ceste satisffaction ; et ce fut soubz ce prétexte que le dit seigneur conte se retira et dit à Dieu à S. M. par lettres.

Au mois de May, monsieur du Plessis fut de retour à Saumur, après avoir donné congé à nostre filz qu’il laissa à Paris, et peu de jours après je partiz pour luy aller dire à Dieu, premier qu’il passast la mer pour Angleterre et Escosse, où, outre ce contentement, j’euz celuy de voir partie de noz plus proches, aussy de voir madame la princesse d’Orange qui me promit beaucoup d’amitié et de faveur pour nostre filz en son séjour en Hollande. De là pris mon chemin aux eaux de Pougues, en espérance d’y recevoir quelque allégement en mes maladies qui ne réussit pas à ce qu’on m’avoit faict espérer. Et enfin, vers le

  1. Don Fernand de Velasco, gouverneur du Milanais, s’avançait vers Dijon avec dix mille hommes ; le roi y arriva le 4 juin 1595.