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tres estoient trop jeunes ; il avoit aussy ung de ses nepveux Georges du Bec Crespin, à présent seigneur de Bourry ; et affin que monsieur de Buhy ne s’aperceust point de la religion du dit Prestat et de l’instruction qu’il leur donnoit, quand ses escholliers avoient été à Buhy quelque temps, mademoiselle de Buhy les envoyoit chez son frère aisné, monsieur de Bourry, qui le savoit bien, et trouvoit bon que son filz et ses nepveux fussent ainssy instruitz ; monsieur du Plessis y apprint ses premières lettres, et commencea on à espérer qu’il proffiteroit. A l’aâge de huit ans, vers la fin de 1557, il fut mené par monsieur de Buhy son Père, à Paris, au Collège de Lizieux, sous la charge de maistre Paschal Diepart aujourd’huy advocat à Rouen, qui estoit de la religion romaine et l’instruisoit en icelle ; il s’en alla quelque temps après estudier aux loix, et le lessa entre les mains de maistre Marin Liberge, natif du Mantz, aujourd’huy docteur régent à Angers, qui, oultre ce qu’il estoit fort adonné à la religion romaine, avoit en sa compaignie ung chanoine nommé la Chapelle qui ne passoit jour qu’il ne feist dire à monsieur du Plessis ses heures et vigiles ; et l’avoit tellement nourry à cela que de luy mesme il s’en rendoit très songneux ; monsieur de Buhy, allant à Paris, le voyoit songneusement auquel il recommandoit sur tout d’estre homme de bien et d’aller tous les jours à la messe, en quoy sembloit alors consister toute religion, et fut en ce collège environ deux ans ; mais ses estudes furent interrompus par grandes maladies, tellement qu’il n’y parvint qu’à la quatrième classe. Après la mort de feu monsieur de Buhy, mademoy-