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rencontroient en leurs demandes. Tant qu’ilz reconnurent eux-mêmes qu’il leur estoit malayzé de rien faire avec eux sans l’entremise de ceux de la Religion, et le déclarèrent eux mesmes à S. M. Lors donq le Roy commanda à M. de Bouillon et à M. du Plessis d’estre de ceste affaire avec les dessus ditz, pour faciliter les choses en ce qui se pourroit ; et de là en avant traictèrent de commune main avec les ditz Députez ; seulement pour esbaucher les articles furent nommez M. du Plessis et M. de Calignon, chancelier de Navarre d’une part et messieurs de Pontcarré et Chandon d’autre, lesquelz se trouvèrent chés monsieur du Plessis les après disnées pour convenir à peu près des expédiens sur les articles proposés, sauf à les rapporter, pour en résoudre, à toute la compaignie, et fut presques tenu cest ordre jusques à la fin. Le sommaire fut que S. M. feroit valoir à ceux de la Religion l’édict de 77, les conférences de Nérac et Flex[1] sur ensuivies, et les articles secretz qui pour cest effect seroient vérifiez de nouveau en toutes les courtz de Parlement sans restriction et modification, en cassant et annulant les édictz de 85 et 88, procurez par la violence de la Ligue. Mais parce qu’il y avoit plusieurs choses qui avoient receu ou devoient recevoir changement à l’occasion des troubles, fut adjousté un règlement provisionel contenant plusieurs

  1. L’Édit de 1577 accordait aux protestants l’exercice du culte dans une ville par bailliage, et dans un certain nombre de châteaux ; des conseillers protestants dans les parlements de Bordeaux, Grenoble, Aix et Toulouse ; des places de sûreté pour six ans, et, par le traité secret, le droit de concourir à la nomination des juges de leur religion dans les parlements.