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trois mois, S. M. leur en donneroit contentement, ses affaires ne portans pour l’heure d’y toucher, et ceste partie estoit très forte. Touteffois fut remonstré que les renvoyer ainsy estoit mescontenter évidemment les Eglizes et faire contraire effect à ce que S. M. avoit prétendu en les convoquant, que Rome au reste ne devoit être mise en considération. Sy le Pape refusoit à plat monsieur de Nevers[1] qui estoit allé pour luy faire la soubzmission de la part du Roy, qu’on diroit qu’il faudroit craindre de le jetter hors des gondz ; s’il accordoit, qu’il le faudroit entretenir en ceste bonne humeur ; ou s’il suspendoit sa délibération, qu’il faudroit aussy différer tout ce qui le pourroit tant soit peu scandalizer, tellement que jamais il ne se trouveroit heure propre pour donner contentement à ceux de la Religion ; qu’il falloit donq adviser sur leurs cahyers sans les remettre, et que pendant qu’on y vacqueroit, le temps apprendroit ce qu’on auroit à faire, sauf à différer pour quelques mois, sy besoin estoit, la publication ; ce que S. M. en son conseil auroit trouvé bon.

Sa Majesté donq, nomma pour voir, examiner et respondre le dit cahyer, messieurs le chancelier, de Belièvre, d’O, de Schomberg, de Pontcarré, de Chandon, conseillers, et M. de Fresne, secrétaire d’Estat, tous catholiques Romains, prudemment afin de leur lever tout scrupule, lesquelz appellèrent plusieurs fois les ditz députez, sur les difficultez qu’ilz

  1. Louis de Gonzague, duc de Nevers, fils du duc de Mantoue, avait été chargé de négocier pour Henri IV auprès du Pape. C’était un militaire distingué. Il était né en 1539 et mourut en 1595.