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comme opprimé de ce soudain et inopiné changement, voyant les visages et les cœurs des siens aliénéz de luy, adverty à toute heure des gouverneurs et des places ou que l’on pratiquoit, ou qui se divertissoient de luy, se résolut[1], tant pour éviter ces remuemens que pour se rendre la voye plus facile à son establissement, de s’accommoder, comme il fit quelques jours après, à l’Eglize Romaine. Monsieur de Bouillon qui se trouva près de luy à l’heure de ceste résolution, n’y fust pas peu empesché. On ne manqua de proposer au Roy des remèdes plus salutaires, luy de bouche [avec beaucoup de vertu, monsieur du Plessis par escript[2]] avec beaucoup de liberté (comme les lettres et mémoires s’en trouvent encor), mais le Roy se voulut tenir à celle qui luy sembloit vuider humainement toutes les difficultez, et sembla à plusieurs, par la prompte conclusion qu’il en prit, qu’il ne falloit qu’une preignante occasion pour l’y jetter, et que piécea elle estoit délibérée. Ne pouvant donq mieux, M. de Bouillon luy remonstra enfin qu’il estoit à craindre que ceux de la Religion n’en prissent l’alarme ; mesmes voyant que la paix se traitoit avec ceux de la Ligue qui proposoient plusieurs articles contr’eux, sans qu’ilz y fussent appellez. Sur quoy S. M. moyenna une promesse, que les seigneurs catholiques Romains estans[3] près de

  1. Le parti du roi était pris avant la conférence de Suresnes ; il avait écrit le 26 avril au grand-duc de Toscane, Frédéric Ier, qu’il était résolu à se faire catholique, et il l’avait annoncé à l’archevêque de Bourges, avant le départ de celui-ci pour la conférence.
  2. Ces mots manquent dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale et l’édition de M. Auguis.
  3. À Mantes, le 10 mai 1593.