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et la haine du traieté de paix qui auroit esté rompu là dessus.

De ce séjour est la méditation qu’il fit sur le Psalme cent et un, en laquelle il descript le devoir du bon Prince, tiré de l’exemple de David, et remonstre en traictant ceste question plusieurs choses au Roy avec beaucoup de liberté et de zèle, laquelle aussy il dédia et donna à Sa Majesté.

Or fut continuée la conférance que dessus par plusieurs sessions esquelles il faut dire avec vérité que la dignité de S. M. fut mal conservée par ses députez propres, endurans que la Ligue traitast de pair en toutes choses, jusques à disputer la séance et tirer les logis des Députés au sort ; et n’en réussit enfin, après plusieurs tergiversations, que des renvoys à Rome, et à ce que le Pape ordonneroit ; au lieu que lorsque l’on traitoit avec monsieur du Plessis, la préface estoit tousjours de reconnoistre le Roy, sans quoy il estimoit ne pouvoir entrer aux autres articles ; mais il en avint encore pis, car les plus apparens catholiques Romains d’auprès du Roy, ayant aleiné[1] de plus près ceux de la Ligue par ces entreveues, prennent conclusion qu’il falloit que le Roy changeast de religion, résolus autrement, les uns de prendre les armes contre luy, les autres de l’abandonner. Et de ce monopole monsieur du Plessis avoit averty plusieurs fois S. M., mais tout fraischement à Saumur et à Amboise, qui ne l’avoit voulu croire. Tellement que le Roy, se trouvant surpris et

  1. Les deux manuscrits portent « aleiné (pressenti) de plus près, » M. Auguis met « aliéné de plus près. » Ce qui ne signifie rien.