Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nie des bonnes œuvres. A ces artifices indignes de la théologie, il pensoit avoir trouvé remède en la personne du Roy lequel, ayant à estre instruict, choisiroit et nommeroit la manière dont il voudroit estre esclarcy, retiendroit les espritz entre les bornes, les y rameneroit s’ilz vouloient s’esgarer, et selon sa dextérité scauroit obvier par un seul mot à toutes ces illusions ; et surtout n’espéroit pas peu de fruict de ceste méthode, soit pour le Roy qui en seroit confirmé en sa vocation, soit pour l’affluence des hommes dont plusieurs auroient moyen de reconnoistre la vérité, soit pour l’impression qui en demeureroit aux plus malicieux ou ignorans que nostre doctrine n’estoit pas sans fondement, que ce n’estoient pas différents joinctz ou faictz à plaisir, ains graves, pleins de subject et de raison, et pourtant qui se doivent supporter par toutes personnes de dévotion et piété, et ne peuvent estre opprimez violemment que par impiété et injustice.

Pour l’avancement de la vraye Religion, luy proposa que les grandz changemens ne se pouvoient faire que par une grand prudence, et qu’il se debvoit représenter, estant né soubs ce grand schisme et monté au degré de très chrestien, que Dieu requéroit de luy, comme d’un Josias ou d’un Constantin, la réunion de l’Eglize, à laquelle il estoit impossible de parvenir que par la réformation. Chose difficile, s’il n’y préparoit, comme à un grand bastiment, les instrumens et les matériaux et de qualité requise et de bonne heure. A ceste fin, qu’il auroit à se faire dresser une liste en toutes ses provinces des personnes ecclésiastiques, douées de sincérité, modestie,