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plusieurs d’iceux qui l’approuvoient extrêmement. Son intention estoit de leur faire rafraischir la lecture des anciens, mesmes des scholastiques, et que chacun en prist sa part à lire, qu’en les lisant chacun rapportast, sur chaque point controversé, ce qu’il trouveroit ès autheurs qui venoient en sa part et en fist extraict, que puis après chacun d’eux se préparast principalement sur un certain poinct, et surtout y remarquast en iceluy, par ce qui résultoit du recueil et observation de tous, la pureté de la doctrine, jusques à quel âage elle avoit duré, par qui, quand et comment, l’abuz y avoit glissé, comment du depuis il s’y seroit nourry, accreu, augmenté ; les oppositions et interpellations qui avoient esté faictes, soit à sa naissance, soit à son accroissement ; et estant tout certain que la plus part des abuzés, principalement des grandz qui combattent la pureté de la religion, vient d’une invétérée ignorance par laquelle ilz croient que l’Églize a toujours esté telle qu’ilz la voyent en la Papauté, et partant qu’elle n’a besoin de réformation et ne doibt souffrir de changement. Avoit aussy observé que plusieurs conférences, tant en France qu’ailleurs, se seroient rendues innutiles parce qu’elles n’avoient point de modérateur, et que les docteurs sophistes extravaguent à faute de bride, sur les matières plus dangereuses et moins nécessaires, desquelles les profons secretz sont cachés aux hommes, non pour les amener au port de vérité, mais pour les jetter dans des vases et des escueilz ; comme on avoit veu que, pressés sur la cène, ilz se seroient esgarez vers la toute puissance et du franc arbitre en la réprobation, et du mérite en la calom-