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s’aboucher commodément avec le dit duc, parce qu’il avoit subject d’aller jusqu’à St Félix, maison du sieur de Bellegarde, grand escuyer, en Comminge, pour voir sa sœur qu’on vouloit marier et son jeune frère, et d’ailleurs estoit jà fort sollicité de monsieur le mareschal son père de l’aller voir en Guienne. Ainsy donq succéda le voiage de Quillebeuf, et fut connu depuis par les plus sages que ceste étincelle avoit besoin d’estre esteinte à temps, en danger autrement d’allumer un feu qui eust peu avancer la ruine de ce Royaume par la division qui en alloit naistre entre les serviteurs du Roy.

Au séjour de huit mois ou environ que monsieur du Plessis feit près de S. M., comme son principal but estoit l’avancement de la vraye religion et l’affermissement de l’Estat par voies deues et légitimes, il luy proposa quelques expédiens, lesquelz estans suyvis, comme S. M. sembloit les approuver, pouvoient donner un grand acheminement à l’un ou à l’autre. Il considéroit que l’instruction à laquelle S. M. se soumettoit pourroit amener, sy non un concile, au moins un colloque ou conférence, sur les différens de la Religion, auquel il conviendroit que les parties fussent ouyes, les uns devant les autres. Il fit donq trouver bon à S. M. qu’il assemblast à Saumur jusques à une douzaine des plus doctes et excellens ministres ou docteurs de la religion réformée qui fussent en France, ausquelz il administreroit moïens, logis et commoditez, et surtout des meilleurs livres pour se préparer de bonne heure à ceste conférence, de laquelle, premier que partir, il communiqua tant de bouche que par lettres avec