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hison, et le premier qui fut demandé à l’entrée fut monsieur du Plessis. Là furent tués plusieurs gens de bien, plusieurs prisonniers, mesmes M. Marcel, intendant des finances, et M. Morlaz maistre des requestes, que S. M. avoit envoyés avec luy. Le sus dit de Hacqueville prétendoit luy avoir esté faict tort en ce que le gouvernement de Quillebeuf avoit esté donné à un autre, estant en l’élection de Pont-Audemer, ne considérant pas que d’un village on en faisoit une ville ; mais en receut promptement, et en son honneur et en son âme, le chastiment qu’il méritoit. La dite ville de Quillebeuf changea lors de nom, et fut appellée Henryquarville, c’est à dire la ville de Henry quatriesme, et peu de jours après fust attaquée par M. de Mayne mais très bien défendue par monsieur le Grand, conte de Torigny, et le sieur de Grillon[1].

N’est à oublier que monsieur du Plessis, premier que partir, fit une dépesche à S. M. par M. de Morlaz, luy proposant de faire négotier le duc de Joyeuse, lequel prenoit une grande authorité en Languedoc pour le party contraire, afin qu’en l’assemblée qui se devoit faire de ceux de la Ligue, il se rendit traictable pour la paix. Le moïen estoit d’y employer la prudence de M. le mareschal de Matignon, qu’il tenoit en lieu d’oncle, et la privauté du conte de Torigny son filz parce qu’ils avoient esté nourris ensemble, ce qu’il avoit fait consentir au dit conte, sy S. M. luy en envoyoit commandement ; et pouvoit

  1. Les deux manuscrits portent Grillon ; l’édition de M. Auguis porte Crillon ; ce qui n’est pas impossible.