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n’ayent réussy, soit que la sollicitation n’y ait esté sy vive depuis l’absence de monsieur du Plessis, soit que quelques uns le prolongent avec mauvais desseins, ainsy que la plus part escrivent.

Comme donq les choses furent ainsy acheminées, monsieur du Plessis demanda son congé au Roy, après huit mois ou environ de séjour près sa personne, pour faire un tour à son gouvernement de Saumur. Ce que Sa Majesté trouva raisonnable mesmes à l’occasion des grandes despenses qu’il luy avoit convenu faire, non-seulement pour sa maison, mais pour la trouppe qu’il y avoit menée et entretenue pendant tout le siége de Rouen. Mais la principale raison fut qu’il sembla à Sa Majesté que le duc de Mercure, fortifié et eslevé du bon succès de Craon, où il avoit déffaict deux Princes et pris onze pièces, de batterie, estoit le premier et le principal qu’il devoit rendre capable de la paix, comme celuy qui avoit alors plus de moïens ou de l’avancer ou d’y nuire. A quoy Sa Majesté jugea que le voiage de monsieur du Plessis en Anjou pouvoit servir. Mesmes fut advisé que Sa Majesté par son entremise négotieroit avec la Reine Louyse[1], sœur du dit Duc pour l’y rendre plus ployable, laquelle monsieur du Plessis avoit charge de voir, et particulièrement pour prendre son avis de ce qui auroit à estre faict ou dit en paix faisant, pour la réparation de l’assassinat commis en la personne du feu Roy Henry III, son mary. Mais cela estant résolu, survint un accident

  1. Louise de Lorraine, veuve de Henri III, s’était retirée au château de Chenonceaux.