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qu’il ne seroit pas difficile, ains expédient de s’en passer ; au lieu que, facilitant le Pape la paix du royaume de France, conserveroit sa dignité et son authorité et ses moïens en France, obligeroit tous les estatz chrestiens par sa prudence, intéressés en la diminution de ce grand Estatz, et retiendroit particulièrement son degré, contre l’ambition et insolence d’Hespagne. Pour la religion du Roy, qu’il avoit tousjours dit qu’il estoit prest d’estre instruit, qu’on luy en avoit donné peu de loisir depuis ; nonobstant, qu’il prendroit un terme préfix, et seroit bien ayse qu’on convinst des moïens plus convenables pour ce faire ; que les maladies survenues en la chrestienté par tant de siècles nous en avoient appris les remèdes ; ou sy ceux là mesmes ne sembloient à propos, on en pouvoit convenir d’autres, et que pour cest effect. Sa Majesté consentoit que monsieur le marquis de Pisani fust envoyé par les seigneurs catholiques de son royaume à Rome. Toutes lesquelles raisons furent fort pesées par le dit seigneur cardinal qui luy pria de les luy bailler par escrit ; mais sur les moïens de l’instruction, il ne luy céla point qu’il ne falloit pas parler au Pape d’un concile ny général ny national, qui ne vouloit gaster toutes les affaires ; prestendans sans doute ces messieurs, quand ilz parlent de l’instruction du Roy, que ce soit seulement une formalité qu’on apporte à une résolution qu’ilz supposent au Roy toute formée de changer de religion, et non une conférence pour l’instruire réellement et de faict, à laquelle il apporte seulement la docilité et l’attention et l’intention de discerner la vérité du mensonge, et, l’ayant connue, de s’y atta-